À EN CROIRE les avocats de M. Chirac, et plus particulièrement Me Georges Kiejman, qui défend par ailleurs les intérêts de Liliane Bettencourt, c’est un des co-inculpés de M. Chirac qui a posé la fameuse « question prioritaire de constitutionnalité » (QPC) et l’ancien président n’y est pour rien. « Ce n’est en aucun cas une victoire de la défense », a-t-il ajouté. On veut bien accepter son argument, mais tout de même, M. Chirac, après avoir annoncé publiquement qu’il se soumettrait à la justice comme n’importe quel citoyen, ne cachait plus l’inquiétude que lui inspirait un procès avec des centaines de journalistes et de caméras à chacune de ses arrivées et à chacun de ses départs. Il avait obtenu de ne pas venir à la première audience, consacrée aux formalités. Il n’était en réalité pas du tout enthousiaste face à un événement qui clôturerait sa carrière politique de façon extrêmement négative, même s’il a pris soin, au préalable de passer un accord financier avec la Mairie de Paris et l’UMP pour que le versement d’un certain nombre de salaires fictifs (avec leurs charges) soit remboursé aux contribuables. Non, ce n’est pas un aveu, laissait entendre Chirac. Il sait pourtant que, en dépit du talent de ses avocats, il sera probablement condamné au terme du procès.
Une communication alambiquée.
En posant la QPC, l’un des mis en examen a largement contribué à compliquer un peu plus le dossier Chirac, le seul qui intéresse le public. Il appartient au Conseil constitutionnel d’apporter une réponse à la question. Son président, Jean-Louis Debré, ami intime de l’ancien président, a déjà annoncé qu’il ne serait pas présent lors de la réunion consacrée à la QPC.
SI LE PROCÈS A LIEU EN DÉFINITIVE, CE SERA UNE ÉPREUVE POUR CHIRAC
On notera que, si le public, selon les sondages d’opinion, ne souhaite pas que M. Chirac soit accablé par la justice, il ne veut pas non plus qu’il lui échappe. Ce qui rend très alambiquée la communication de ses avocats. Ils voudraient, eux aussi, que leur client soit épargné, pour diverses raisons : l’ancienneté des faits, l’âge du mis en examen, la résonance médiatique du procès, la fatigue visible de M. Chirac. Ils n’ont donc pas vraiment milité contre la QPC, en espérant peut-être que M. Chirac, à plus de 78 ans, ne sera peut-être plus en mesure de participer au procès au-delà d’une certaine date. D’un autre côté, ils réaffirment qu’il ne tente pas de se soustraire à la justice, qu’il répondra à toutes les questions qui lui seront posées, qu’il se comportera en bon citoyen. La vérité est que beaucoup de chiraquiens souhaiteraient que M. Chirac soit absous au nom de son âge et de sa surdité.
Les réactions sont donc conformes à la double position adoptée par le camp Chirac. À gauche, on ne voit qu’une chose, à savoir que l’ancien président bénéficie encore, après des années de manœuvres dilatoires, de privilèges que n’ont pas les autres citoyens ; on ne peut pas, expliquent-ils, avoir joué de l’immunité présidentielle pendant 12 ans et dire ensuite qu’on est trop vieux pour un tel procès. À droite, on dénonce l’acharnement de la justice contre un homme qui a servi son pays dans les plus hautes fonctions et ne mérite pas cette humiliation. Ce qui revient à en faire un homme au-dessus des lois. Les Français, toutefois, ne suivront pas le procès dans tous ses détails et ils s’y habitueront ; M. Chirac lui-même s’y habituera. Peut-on croire qu’il a vraiment l’intention d’affronter ses juges ? Ce n’est pas sûr. Et déjà, d’aucuns disent, qu’un procès à six mois des élections est impensable. Mais, s’il n’est pas certain que le procès n’aura pas lieu, il vaut mieux qu’il s’y prépare. Parce que ce sera une épreuve.
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