Ouverture du rappel vaccinal anti-Covid pour tous les plus de 18 ans, cinq mois après la dernière injection dès ce samedi 27 novembre, durcissement du passe sanitaire, renforcement des tests dans les écoles, rappel aux gestes barrières et arrivée imminente de l'antiviral oral molnupiravir : le gouvernement a présenté de nouvelles mesures ce 25 novembre pour tenter de garder la main sur la cinquième vague de Covid-19.
« Le pic de la cinquième vague est attendu début décembre, la semaine prochaine », a indiqué le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé. Dès cette semaine, la France a vu ses indicateurs remonter en flèche, avec un taux d'incidence de 193 pour 100 000, un taux de reproduction du virus à 1,6 (soit un doublement du nombre de personnes touchées tous les 11 jours), 36 000 nouveaux cas quotidiens depuis lundi (soit le niveau du pic de la 4e vague) et 8 765 patients hospitalisés le 24 novembre, dont 1 483 en soins critiques.
Néanmoins, « il n’y a aucune fatalité. La donne a changé, nous avons les moyens de nous prémunir des conséquences dramatiques que nous avons connues lors des premières vagues. Nous avons notre destin entre nos mains », a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran, écartant pour l'heure le recours aux outils les plus contraignants (confinement, couvre-feu, fermetures des commerces, etc.).
19 millions de Français invités à recevoir le rappel
Le gouvernement a donc décidé d'ouvrir ce 27 novembre le rappel vaccinal à tous les adultes de 18 ans, à partir de 5 mois après la dernière injection. « Cela concerne 19 millions de Français », a précisé Olivier Véran, puisque 6 millions des 25 millions de Français ayant reçu un schéma vaccinal complet ont déjà eu leur rappel.
Lorsque la personne a été infectée, « une infection correspond à une injection », résume le ministre. Elle doit donc attendre cinq mois après l'unique dose qu'elle aura reçue après l'infection, ou bien, si elle a été infectée après une vaccination partielle ou complète, cinq mois après la maladie.
La Haute Autorité de santé (HAS) a rendu un avis en ce sens quelques heures avant ces annonces, moins d'une semaine après un précédent travail ciblant seulement les plus de 40 ans. Une décision motivée par l'intensité de la reprise épidémique et par des projections de l'Institut Pasteur : la réduction du pic des hospitalisations serait de 40 % si le rappel est élargi à tous les majeurs (vs 20 % s'il est circonscrit aux plus de 65 ans), et de 50 % si le rappel est fait à cinq mois, contre 39 % à 6 mois.
Des doses et des professionnels au rendez-vous
Malgré une saturation immédiate des sites de prises en de rendez-vous en ligne lors des annonces, Olivier Véran a tenu à rassurer sur la capacité à répondre aux demandes. La France compte plus de 26 millions de doses de vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna). Quelque 1 100 centres de vaccination sont encore ouverts (vs 1 600 il y a quelques mois), certains pourront rouvrir, et surtout les professionnels de ville (médecins, pharmaciens, infirmiers, kinés, sages-femmes, laboratoires) sont mobilisés, avec un stock de 4 millions de doses déjà disponibles et la possibilité d'en commander d'autres. Ces mêmes libéraux sont encore une fois appelés à sensibiliser les 6 millions de Français toujours réticents à la vaccination.
Des tests valables seulement 24 heures
La validité du passe sanitaire sera conditionnée à cette dose de rappel, à compter du 15 décembre pour les plus de 65 ans et du 15 janvier pour tous les majeurs (ce qui laisse deux mois pour trouver un rendez-vous).
Autre nouveauté, à partir de lundi 29 novembre, les tests PCR et antigéniques qui donnent accès au passe pour les non-vaccinés seront valables 24 heures, et non plus 72 heures. Ils sont à la charge de la personne, sauf lorsqu'elle est symptomatique (avec ordonnance médicale) ou reconnue cas contact par l'Assurance-maladie ou l'Agence régionale de santé.
Les masques sont de nouveau obligatoires en intérieur, même dans les lieux soumis au passe, et les préfets pourront les imposer en extérieur, pour les brocantes ou marchés de Noël, par exemple.
Le molnupiravir dès décembre en France
« Dans les prochaines semaines, nous bénéficierons d'une arme supplémentaire ». Le ministre de la Santé a assuré que « la France sera le premier pays européen à faire bénéficier ses citoyens » du molnupiravir, l'antiviral oral de Merck, qui pourra être disponible en officine et prescrit par les médecins de ville aux personnes à risque de formes graves. Sans l'autoriser officiellement, l'Agence européenne du médicament (EMA) vient d'encourager les pays à l'utiliser (à l'instar du Royaume-Uni). Par ailleurs, déjà plus de 7 000 Français ont reçu un traitement par anticorps, nécessitant une hospitalisation.
Renforcement du tracking à l'école
Quant aux enfants, la vaccination des enfants vient d'être autorisée dans certaines conditions par l'EMA, ce 25 novembre. « Je vais saisir le Comité consultatif national d'éthique, car il y a des questions éthiques, en termes de protection collective et individuelle. La HAS décryptera les données pour déterminer dans quel cadre pourrait être ouverte cette vaccination », a expliqué Olivier Véran. « Dans tous les cas, si elle était décidée en France, cette vaccination - facultative - ne commencerait pas avant le début de l'année 2022, puisqu'il faut recevoir des vaccins » adaptés aux enfants, a-t-il poursuivi.
En attendant, malgré l'augmentation de la circulation du virus à l'école (8 500 classes fermées ce 24 novembre, au primaire quasi exclusivement), le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer a maintenu le niveau 2 du protocole sanitaire moyennant une adaptation. Alors qu'aujourd'hui, une classe de primaire doit fermer dès le premier cas positif, elle restera ouverte à partir du 29 novembre, mais tous les enfants seront dépistés gratuitement, soit par des laboratoires au sein de l'école, soit par les familles. Les parents y seront beaucoup plus enclins qu'aujourd'hui, considère Jean-Michel Blanquer, puisque seuls les élèves présentant un test négatif pourront revenir en classe. Un dispositif demandé depuis août par des membres du Conseil scientifique et expérimenté dans 10 départements, mais qui se heurte à la capacité de réaliser des tests rapidement.
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque
Autisme : la musique serait neuroprotectrice chez les prématurés
Apnée du sommeil de l’enfant : faut-il réélargir les indications de l’adénotonsillectomie ?
Endométriose : le ministère de la Santé annonce une extension de l’Endotest et un projet pilote pour la prévention