LA DÉMARCHE de M. Bourgi est incompréhensible : elle n’est pas conforme à ce qu’il est convenu d’appeler un « homme de l’ombre », qui cesse de l’être dès qu’il parle ; il s’auto-incrimine et va être sans doute poursuivi par la justice ; il ne peut, semble-t-il, apporter la moindre preuve matérielle de ses allégations ; il disculpe Nicolas Sarkozy de toute implication dans des transferts d’argent dont il affirme qu’ils ont cessé en 2005. Elle est dangereuse : elle est accomplie pendant le procès de M. Chirac, à trois jours du jugement dans l’affaire Clearstream (qui sera prononcé aujourd’hui), en pleine campagne électorale ; elle affaiblit la droite et renforce le Front national ; et si le désir de M. Bourgi est de confondre MM. Chirac et Villepin au profit de M. Sarkozy, il aura utilisé un marteau pour tuer une mouche, car il crée un nouveau sujet de méfiance à l’égard de l’ensemble de la droite. Si, hypothèse que l’on est bien obligé de soulever, l’avocat veut écarter l’ancien ministre des Affaires étrangères de la course à la présidence, il se trompe de cible : M. de Villepin est bien moins gênant pour le président en exercice que Jean-Louis Borloo. Bref, à supposer que ce que dit M. Bourgi soit vrai, on ne voit pas comment il serait brusquement passé du statut de manipulateur occulte à celui du lanceur de pavés, et des sombres compromissions au scandale politique.
Mauvais moment.
Il est vrai que plus rien ne surprend les observateurs blasés que nous sommes, recuits dans un cynisme dont chaque nouvelle révélation, vraie ou fausse, renforce l’épaisseur. Beaucoup d’électeurs, déjà lassés par la classe politique toutes tendances confondues, trouveront dans cette affaire un motif d’abstention ou de vote de protestation. Les violents coups de théâtre qui jalonnent la campagne électorale, les démêlés judiciaires de plusieurs personnalités politiques, le délire apparent qui s’empare, ici d’une juge, là d’un avocat, la tendance de quelques deus ex machina à lancer des accusations sans doutes destinées à abattre telle ou telle cible d’un seul coup de hache mais d’une manière tellement excessive et improbable que la crédibilité de l’accusateur souffre plus que la réputation de l’accusé font de la campagne électorale un orage permanent.
LE PAYS MÉRITE MIEUX QUE LA RÉVÉLATION D’UN SCANDALE PAR JOUR
Ce qui est préjudiciable à la résolution des problèmes, plus particulièrement celui de la crise financière, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il réclame la concentration du pouvoir. De nouveau, la semaine a commencé dans un climat de chute incontrôlée des marchés financiers, de crise grecque insoluble, de banques françaises attaquées. Le danger est immense depuis le mois dernier, et la faillite risque de devenir le lot d’un nombre élevé de Français.
Le gouvernement affirme qu’il n’est pas utile de recapitaliser les banques alors que le Fonds monétaire le presse de le faire ; que la chute affolante des cours des actions bancaires n’exige aucune intervention publique pour rassurer les marchés ; que l’euro, qui a perdu 10 % de sa valeur en quelques jours, n’est nullement menacé. Que dans un tel contexte prospère un scandale relatif au passé donne la mesure accablante de ce que devient notre pays : le théâtre d’une bataille de sicaires dans une profonde nuit florentine où il n’est question que de tuer l’autre, et pas seulement de le neutraliser ; le lieu d’une impuissance que les mots les plus rassurants ne font que souligner ; un décor surréaliste où l’énormité des discours, propos, affirmations, digressions tente désespérément de noyer l’incendie qui ravage la scène. Quelle que soit la vérité sur les diverses allégations dont on ne cesse de nous abreuver, nous ne la connaîtrons que beaucoup plus tard, quand la lente justice aura fait son œuvre. Nous souhaitons non seulement que la campagne soit conduite à la loyale, sans coups fourrés, mais que le pouvoir, dont on veut espérer qu’il ne tire aucune ficelle dans l’affaire Bourgi, donne un coup d’arrêt à la crise des banques françaises (s’il le faut en leur imposant sa tutelle) et qu’il provoque en Europe une prise de conscience susceptible d’empêcher l’imminente catastrophe.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité