EN FRANCE, une épidémie de rougeole sévit depuis 2008. Entre 2008 et 2011, plus de 22 000 cas, dont près de 15 000 pour l’année 2011, ont été déclarés. Parmi ces cas, plus de mille se sont compliqués d’une pneumopathie grave, 26 d’une atteinte neurologique et 10 sont décédés.
Du fait de la contagiosité de la maladie, il est nécessaire d’atteindre, pour espérer son élimination, une couverture vaccinale de 95 % pour la première dose et de 80 % pour la seconde, ce qui permettrait de protéger 99 % des vaccinés. En France, ces pourcentages seraient de 90 % et de 55 %. De nombreux adolescents et adultes jeunes ne sont pas protégés car ils n’ont pas été vaccinés ou n’ont pas eu la maladie.
Entre janvier et octobre 2011, plus de 26 000 cas de rougeole ont été signalés dans 36 pays européens. Ces épidémies ont été à l’origine de neuf décès et de plus de 7 000 hospitalisations. Quatre-vingt-dix pour cent des cas ont concerné des adolescents et des adultes qui n’avaient pas été vaccinés ou dont les antécédents de vaccination n’étaient pas connus. Cette flambée est l’une des plus importantes survenues dans le monde en 2011, avec celles de la République démocratique du Congo (plus de 100 000 cas), du Nigeria et de la Somalie (plus de 15 000 cas chacun de ces deux pays).
Objectif régional d’élimination.
L’organisation mondiale de la santé considère que « La progression de la rougeole dans les pays européens montre qu’il va être difficile d’atteindre l’objectif régional d’élimination de la rougeole d’ici 2015 ».
En2000, la rougeole a été déclarée éliminée des USA, l’élimination étant définie comme l’absence de transmission au cours d’une année. Les épidémies y sont maintenant dues à des cas importés.
En 2011, 222 cas y ont été signalés alors que durant la période 2001-2010, ce nombre était de 60 par an. Quatre-vingt-dix pour cent (200) étaient dus à 72 cas importés dont 33 venant d’Europe parmi lesquels 13 (39 %) de France et 4 de personnes ayant séjourné dans plusieurs pays d’Europe dont la France.
Le coût d’une épidémie de 7 cas, survenue en Arizona en 2008, a été estimé à environ 600 000 euros, les répercussions négatives sur deux hôpitaux non comprises. Un lien a également été établi entre la rougeole originaire d’Europe et des flambées dans plusieurs autres pays dont le Brésil, le Canada et l’Australie.
À l’échelon mondial, bien que le nombre de décès imputables à la rougeole ait diminué de 78 % entre 2000 et 2008 grâce aux organisations rassemblées dans l’initiative contre la rougeole, permettant ainsi d’épargner 4,3 millions de vies, le nombre de décès d’enfants dus à la maladie est estimé à 164 000 par an.
L’Initiative contre la rougeole a pour objectif de réduire cette mortalité de 95 % d’ici 2015 et, à terme, d’éliminer la rougeole et la rubéole. Ce terme a été fixé à 2015 pour la région Europe.
Tout ceci justifie que la couverture vaccinale soit augmentée bien que la maladie soit considérée comme bénigne par la majorité de la population française en l’absence d’un dicton, tel ceux qui existent en Afrique et disent tous, d’une façon ou d’une autre, « compte tes enfants après la rougeole ». Comme en beaucoup d’autres domaines de santé publique, l’implication des médecins généralistes est cruciale.
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