La phraséologie de Jean-Marie Le Pen a atteint, à l’occasion de sa rupture historique avec sa fille et avec le parti qu’il a fondé, des sommets de violence. « Félonie », « trahison », s’est-il écrié, avant de suggérer à Marine d’épouser son compagnon Louis Aliot, ou mieux encore, Florian Philippot, l’homme du Front le plus acharné contre JMLP, pour que celui-ci échappe au déshonneur de porter le même nom que Marine. Puis, le « président d’honneur » qui risque bien de perdre aussi son statut lors d’un prochain vote des militants, a tout simplement espéré que sa fille ne remporterait pas l’élection présidentielle de 2017 car, selon lui, elle a démontré qu’elle n’avait pas les qualités morales pour occuper la magistrature suprême.
L’événement est spectaculaire tant il s’apparente à une tragédie grecque, la fille étant engagée dans le meurtre du père, qui la voue aux gémonies. Il n’est pas sans intérêt politique, dans la mesure où il montre que gouverner un parti de père en fille suffit à prouver un mépris profond de la démocratie, ce dont, d’ailleurs, les deux protagoniostes de l’affaire ne se cachent guère. La violence des comportements et des propos indique en outre que, lorsqu’il s’agit d’appliquer un programme, les liens familiaux se rompent, la haine remplaçant très vite l’amour. Marine Le Pen a hésité longtemps mais, quand elle a jugé le moment venu, rien ne pouvait plus l’arrêter. Si son ambition personnelle lui ôte toute décence, on peut imaginer qu’elle ne prendra pas de gants pour mettre en œuvre ses idées délétères.
Marine semble néanmoins bénéficier du soutien de l’immense majorité des militants FN, moins nostalgiques des énormités prononcées par Jean-Marie que pressés de donner au pays un gouvernement autoritaire. Mme Le Pen veut nous faire croire qu’elle n’a plus rien à voir avec son père, sauf qu’elle ne serait rien sans lui, que son parti contient des milliers de nostalgiques du pétainisme et de l’Algérie française, que le bon vieil antisémitisme n’y est pas vraiment réprimé, et que le FN nous propose un programme dangereux qui, comme le rappelle François Fillon, mettrait le pays à genoux en six mois. Elle croit nous donner un gage fort en sacrifiant son père, elle jure qu’elle a éradiqué l’antisémitisme du FN (mais pour le remplacer par une autre forme d’intolérance à l’égard des immigrés), nous ne sommes pas obligés de la croire. Après tout, si elle n’est pas, comme elle le prétend, d’extrême droite, pourquoi ne rejoint-elle pas la droite classique ? Marine s’essaie à une acrobatie périlleuse : le FN ne serait plus que le Rassemblement bleu marine, les fascistes n’y auraient plus leur place, et, dans ce cas, en quoi se différencie-t-elle de l’UMP ?
Pourquoi il faut combattre le FN.
Il faudrait, à l’en croire, oublier les racines du FN, qui sont celles de l’extrême droite d’avant-guerre. Il n’y aurait plus, entre les démocrates et le FN, qu’une divergence à propos de l’euro et de l’Europe, qu’elle souhaite abolir. Ce n’est pas vrai. Le Front reste ce qu’il a été sous JMLP, lequel continuera à s’exprimer jusqu’à son dernier souffle et à compliquer la tâche de sa fille. Ce n’est pas sur le danger d’une sortie de la zone euro qu’il faut attaquer le FN, car cela limiterait la bataille au périmètre de l’économie. Nous n’avons pas, avec l’extrême droite, que cette différence. Nous nous dressons contre un parti qui fait fi des principes démocratiques, contre un parti qui, à l’occasion du 1er mai, a encore manifesté son goût pour la violence. Ce parti, s’il s’emparait du pouvoir, ne se gênerait guère pour imposer sa volonté. Les institutions républicaines lui sont très utiles, mais dès qu’il gouvernerait, il n’aurait de cesse de les bafouer. Procès d’intention ? Florian Philippot ne cesse de se dresser contre une telle analyse. Il veut apparaître comme la caution républicaine du Front. Mais quelle preuve nous offre-t-il de ce qu’il avance ?
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