Selon l'Observatoire de la sécurité des médecins, dont l'Ordre national a rendu public ce mardi les résultats pour l'année 2015, le nombre de déclarations d'incidents (agressions verbales ou physiques, menaces, vols, dégradations, etc.) effectuées par les médecins a atteint 924 – après 901 en 2014, et 925 en 2013, année record.
Le chiffre est mauvais, reconnaît l'Ordre, qui précise que le nombre annuel moyen d'incidents déclarés à l'Observatoire depuis sa création en 2003 est de 724 (soit 30 % au-dessous des résultats de 2015).
Tous les départements touchés
Le Nord (64 incidents signalés), les Bouches-du-Rhône (63), l'Isère et la Seine-Maritime (35 chacun), la Loire (33), la Seine-Saint-Denis (27), le Vaucluse (24) et les Hauts-de-Seine (21) arrivent en tête de ce palmarès. À l'autre bout de la liste, on trouve la Côte-d'Or et la Somme (10 incidents chacun), l'Ain, la Charente-Maritime, le Loiret, le Tarn et l'Yonne (9 incidents), les Côtes-d'Armor et l'Hérault (8).
Les incidents diminuent en Île-de-France : 40 avaient été déclarés dans la capitale en 2013, 27 en 2014 mais seulement 8 en 2015. Dans le Val-de-Marne, ils passent de 15 en 2014 à 5 en 2015, et dans le Val-d'Oise de 29 à 13. L'Ordre attribue cette baisse aux attentats qui ont fortement accru la présence policière dans la région.
Le généraliste, principale victime
Dans 65 % des cas, la victime de l'agression est désormais un médecin généraliste (contre 56 % en 2012) – et dans 35 % des cas un spécialiste (contre 44 % en 2012). Parmi ces derniers, les ophtalmologistes concentrent 6 % des incidents déclarés, les médecins du travail 4 %, les psychiatres, gynécologues-obstétriciens et dermatologues 3 %, les radiologues 2 %, les anesthésistes et les neurologues 1 %. Les femmes représentent 44 % des victimes. Dans 89 % des cas, c'est le médecin lui-même qui est victime de l'incident.
Dans un cas sur deux, le patient est à l'origine de l'agression. Dans 15 % des cas, c'est un accompagnant qui est l'auteur. Pour les autres situations, le médecin n'a pas désigné précisément son agresseur. L'usage d'une arme régresse : 4 % des agresseurs en utilisaient une en 2014, ils ne sont plus « que » 2 % en 2015.
Davantage d'agressions verbales
La proportion d'agressions verbales est en augmentation constante. En 2003, 43 % des déclarations d'incidents concernaient des agressions verbales – le ratio est passé à 69 % en 2015. Parallèlement, celui des vols ou tentatives de vol baisse, passant de 27 % à 19 % sur la même période. Les agressions physiques reculent aussi : elles passent de 15 % à 8 %. Le vandalisme diminue de 13 % à 8 %.
Le motif de l'incident est variable, mais le plus souvent lié à l'exercice. Il s'agit le plus souvent d'un reproche lié à la prise en charge par le praticien (33 % des cas), d'un vol (18 %), d'un refus de prescription (16 %), d'un temps d'attente jugé excessif (9 %), ou encore d'un rendez-vous non obtenu, d'un refus de payer la consultation (2 %), ou d'un état de manque ou d'ébriété de l'agresseur (1 %).
Les centres-villes et les cliniques visés
Peu d'incidents ont lieu en rase campagne. Ils se produisent majoritairement en centre-ville (54 % des cas), en milieu urbain ou proche banlieue (21 %) puis en milieu rural (17 %). Ils ciblent un cabinet libéral ou une structure libérale pluridisciplinaire dans 71 % des cas, un établissement de santé dans 22 % des cas (proportion qui a doublé en un an !) et « un autre cadre » dans 4 % des cas. Le nombre d'incidents progresse surtout fortement dans les cliniques (de 3 % à 14 % en un an). Dans le même temps, le nombre d'agressions à l'hôpital public est resté stable.
Peu de suites légales
Seuls 7 % des incidents signalés donnent lieu à une interruption de travail (8 % en 2014, 10 % en 2009). L'Ordre regrette surtout que ces faits ne donnent pas plus souvent lieu à des suites judiciaires. Ainsi 32 % des praticiens ont déposé plainte et 12 % une simple main courante. 56 % d'entre eux n'ont donc donné aucune suite à leur signalement.
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