Certains infirmiers(ères), aides-soignant(e)s, administratifs en établissements de santé ont-ils bénéficié d’un arrêt de travail de complaisance pour échapper à l’obligation vaccinale contre le Covid ? Le témoignage d’un médecin contrôleur suggère que c’est une réalité, et que les cas se sont multipliés peu avant le 15 septembre, date de l’entrée en vigueur de cette mesure.
Dans un courrier qu’il a envoyé à ses confrères de l’Indre au mois d’octobre, le Dr Nicolas Krzemien s’en alarme sans langue de bois. Le généraliste installé à Saint-Sévère-sur-Indre s’inquiète des conséquences de l’absentéisme sur le fonctionnement des établissements hospitaliers déjà en tension. Il craint également un effet dévastateur sur la santé psychologique de ces soignants en arrêt longue durée.
Le Dr Krzemien n’y va pas par quatre chemins pour interpeller ses confrères. « Je connais les difficultés de prise en charge des patients en souffrance psychologique, mais ces arrêts de complaisance doivent cesser », explique au « Quotidien » le praticien qui estime que ces prescriptions sont « le fait d’une minorité de médecins ».
19 remises au travail sur 20 contrôles
Comment en est-il arrivé à ce constat ? Au cours des dernières semaines, les demandes de contrôle d’arrêt de travail ont afflué à son cabinet, avec un volume multiplié par cinq, alors que cette activité est habituellement marginale pour lui.
« Le profil de ces arrêts est toujours le même, relève-t-il. Dans 90 % des cas, cela vise des personnels soignants qui ne sont pas vaccinés, ce qui a mis la puce à l’oreille de leurs employeurs. » La quasi totalité sont des arrêts de longue durée dépassant un mois, pour des motifs peu précis : troubles anxieux dépressif mineurs, burn-out (au retour de vacances !), fibromyalgie diagnostiquée il y a 10 ans, asthénies… quand il n’y a carrément pas de diagnostic.
« L’examen clinique est constamment négatif. Sur 20 contrôles effectués en deux semaines, il y a eu 19 remises au travail alors que la proportion est habituellement de 50 % », constate le Dr Krzemien.
Menace de tout casser
Le médecin témoigne des tensions exacerbées avec ces patients. « Je n’ai jamais été autant aux prises avec la mauvaise foi et l’agressivité », raconte-t-il. Menace de tout casser, de suicide, de plaintes, injures… jusqu’à cette infirmière qui a fait 4 heures et demi de sitting dans la salle d’attente de son cabinet en signe de refus.
« Pourtant, sauf à quelques exceptions près, ce ne sont pas des abuseurs d’arrêts de travail, note le généraliste. Mais ils s’enferment dans leur logique de contestation contre la vaccination, contre Macron… Ils râlent contre tout. On assiste alors à la création de véritables troubles psychiques chez certains d’entre eux ! »
Le généraliste juge sévèrement leur refus de vaccination. « Je trouve dommage, dangereux et un peu imbécile de la part de gens qui doivent donner l’exemple de ne pas promouvoir la vaccination », estime-t-il.
Sans compter que cet absentéisme a un impact important dans certains établissements de santé. Le Dr Krzemien évoque le cas du service d’imagerie IRM de l’hôpital de Montluçon, fermé par manque de personnel. « Il y a une ambiance délétère dans les services où le personnel qui reste au front se sent abandonné par des collègues en arrêt longue durée. La colère gronde ! », s’alarme-t-il. La réalité semble lui donner raison. Près d’un lit sur cinq serait fermé dans les grands hôpitaux publics de France, selon une enquête menée par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), dévoilée cette semaine par « Libération ».
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