RIEN NE SERAIT PLUS étranger au patriotisme d’Obama qu’une abdication devant la somme énorme des facteurs négatifs qui plongent les États-Unis dans une crise économique, politique et morale de longue durée. Il a pourtant cru, non sans la naïveté du néophyte, que la dynamique irrésistible de son succès dans la campagne électorale se confirmerait au moment où il prendrait les rênes de l’Amérique. En outre, il a mis au service de son programme un idéal, celui de la recherche du consensus, qui a échoué aussi bien en politique étrangère (qui croit vraiment que la dénucléarisation du monde est à portée de main ?) qu’en politique intérieure : rongé par la haine et la démagogie, le parti républicain torpille systématiquement des réformes pourtant indispensables. Cependant, il a déjà abandonné ses illusions : dans son message sur l’état de l’Union, il a mentionné en termes durs l’action délétère des lobbies et l’intransigeance (qui confine au nihilisme) des républicains.
Obama a mûri et s’est probablement durci : il vient d’attaquer frontalement les institutions bancaires et financières, dont il exige le démantèlement. Ce sursaut ne diminue en rien une perte de popularité qui, toutefois, n’est pas catastrophique : 57 %. De toutes parts, on en arrive à penser que l’Amérique n’est plus l’hyperpuissance qu’elle était, que la Chine va la remplacer (avec des projections qui établissent un rattrapage des États-Unis par la Chine en 2050), que l’Inde et le Brésil vont devenir des acteurs majeurs de la politique internationale. Ce mode de pensée va bien au delà de ce que représente Obama ou de sa longévité politique. Il pose comme principe le déclin américain qui coinciderait avec une ascension de la Chine.
SI LA CHINE DEVIENT L’UNIQUE HYPERPUISSANCE, NOUS DEVRONS NOUS FAIRE DES CHEVEUX
Deux raisons.
Cette analyse ne tient pas pour deux très grandes raisons. La première est économique et ce n’est pas la plus importante. À l’heure actuelle, le PIB (produit intérieur brut) des États-Unis et de 15 000 à 16 000 milliards de dollars pour 300 millions d’Américains contre quelque 4 300 milliards pour 1,5 milliard de Chinois. Cela signifie en moyenne que le produit per capita est 15 à 16 fois plus élevé en Amérique qu’en Chine. En admettant même que le PIB chinois augmenterait 3 fois plus que le PIB américain (10 % contre 3,5 %), au bout de quarante ans la production de la Chine ne représenterait que la moitié de celle des États-Unis. Économiquement, ceux-ci resteraient donc l’hyperpuissance. À quoi il faut ajouter que des projections statistiques ne sont que des hypothèses, pas des réalités. À ce jour, et dépit de la formation de millions d’ingénieurs, on n’a pas vu qu’il y ait plus d’innovation dans toute la Chine que chez Apple.
La vérité est qu’il y a loin des ambitions à la résolution des problèmes locaux. Le fait que la Chine dispose, grâce au dynamisme de ses exporations, d’une partie de la dette américaine (quelque mille milliards de dollars) ne signifie pas qu’elle exerce un ascendant sur les États-Unis. Les deux pays se tiennent par la barbichette. La Chine maintient sa propre monnaie, le renminbi, à un taux trop bas. S’il se réévalue, elle perdra beaucoup d’argent sur ses avoirs américains. La société américaine n’est pas égalitaire, mais que dire de la Chine et ses dizaines de millions de chômeurs ou personnes sous-employées, de l’industrie qu’elle a héritée du maoisme et qui tombe en morceaux, de l’insuffisance de ses infrastructures qu’il faut rebâtir ? Quand elle devra, ce qui ne saurait trop tarder, mettre en place un système de retraite et de santé décents, elle n’aura pas assez de tous ses dollars pour faire face à la dépense.
Pas de rayonnement sans liberté.
La deuxième raison est politique : ceux qui croient encore que le dynamisme économique viendra à bout du totalitarisme chinois sont des gens un peu trop patients. Le gouvernement et le parti communiste n’ont nullement l’intention d’accorder de nouvelles libertés à leur peuple, comme en témoigne leur très vive querelle avec Google. Ils ne tolèrent aucune liberté d’expression, ils continuent à réprimer brutalement les ouighours et les tibétains, ils interdisent toute liberté religieuse, ils appliquent la peine de mort comme au Moyen Age, leur nationalisme (largement partagé par le peuple chinois) les rend irascibles quand il s’agit de Taïwan ou de toute autre portion de leur immense territoire. Ce qui nous fait dire que, si la Chine devient la première puissance du monde, eh bien le reste du monde devra se faire des cheveux. Enfin, les meilleures projections sur 2050 ne prennent pas en compte l’aspiration probable des Chinois à un régime démocratique et risque de violence qui en découle. Quand ils checheront un soutien ou des relais pour se libérer du joug, devinez vers qui ils se tourneront ? Vers une puissance qui, n’ayant jamais renoncé à la démocratie, restera pour eux, et pour tous, un havre de liberté.
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