« Après 5 ans de guerre en Syrie, les infrastructures sanitaires sont décimées », a dénoncé ce jeudi MSF dans un rapport publié ce jeudi sur le bilan de la situation en Syrie. En 2015, 94 frappes aériennes et tirs de roquette ont touché 63 structures soutenues par MSF conduisant à la destruction totale de 12 d'entre elles alors que 81 membres du personnel médical ont été tués ou blessés.
MSF constate par ailleurs que les structures encore en fonctionnement « ne reçoivent plus qu’un ravitaillement minimum du fait de stratégies de siège et d’extrêmes restrictions imposées par le gouvernement syrien sur les médicaments et le matériel chirurgical ou nécessaire aux soins post‐traumatiques ».
Attaques à double impact
MSF s'alarme de la proportion inquiétante d’attaques touchant des infrastructures médicales et leur personnel. De telles attaques semblent, selon l'association, « faire suite à une stratégie militaire connue sous le nom "d’attaques à double impact" qui consistent à maximiser le nombre de victimes en ciblant les services de secours, y compris les intervenants médicaux, et constituent, en tant que telles, une violation du droit international humanitaire ». Cette pratique militaire vise à frapper des secouristes ou des structures sanitaires mobilisés suite à une première attaque, alors que ceux-ci arrivent sur place ou que les blessés se rendent dans un centre de santé. La seconde frappe se produit généralement 20 à 60 minutes après la première attaque.
L'association fait aussi observer que « la protection des civils, des blessés et des infrastructures de santé n’est pas non plus respectée par les parties belligérantes qui sont soutenues militairement par quatre membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et les organisations humanitaires se voient refuser un accès libre aux zones nécessitant de l’aide ».
7 000 morts et 154 000 blessés
Le décompte des morts : 7 000 et des blessés 154 647 est tout aussi dramatique. La situation est d'autant plus « préoccupante », estime MSF car les 70 hôpitaux et centres de traitement de fortune bénéficiant d’une aide régulière de la part de MSF ne représentent qu’une petite part des structures médicales en Syrie. Le bilan ne tient pas compte des décès extérieurs aux centres de traitement, ni des blessés qui n’ont pu se rendre dans un centre de traitement. Il ne couvre pas non plus les cas de mortalité ou de morbidité résultant d’une malnutrition aiguë ou de l’absence de soins pour des maladies graves ou chroniques. « La situation réelle sur le terrain est donc probablement bien pire que celle dépeinte dans le présent rapport », précise MSF. Les femmes et enfants représentent 30 % à 40 % des victimes. Par ailleurs, 49 personnes sont mortes de faim entre le 1er décembre 2015 et le 29 janvier 2016 dans la ville assiégée de Madaya, dans la région de Damas.
Appel aux respect des missions médicales
Lors d'une conférence de presse à Genève, la présidente internationale de l'organisation, Joanne Liu, a affirmé que « la Syrie est devenue une machine à tuer ». « Aujourd'hui, l'anormal y est devenu normal. L'inacceptable y est accepté », s'est-elle insurgée. La représentante de MSF a rappelé les tirs de missiles qui ont visé en début de semaine cinq établissements médicaux, dont un soutenu MSF, et deux écoles à Alep et Idlib, dans le nord du pays, faisant près de cinquante morts et de nombreux blessés, selon l'ONU. Vingt-cinq personnes sont mortes dans la seule destruction de l'hôpital d'Idlib. « Cette attaque ne peut être que délibérée. Elle a probablement été menée par la coalition dirigée par le gouvernement syrien, a estimé Mme Liu. Nous disons haut et clair : le docteur de votre ennemi n'est pas votre ennemi. »
Quatre des 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Russie, France et Royaume-Uni) sont « activement engagés dans le conflit syrien via des frappes aériennes », indique MSF leur demande de respecter leurs propres résolutions. L'organisation enjoint les parties belligérantes à mettre fin de toute urgence aux attaques sur des cibles civiles et à cesser les attaques sur des centres médicaux, leur personnel et leurs équipes urgentistes. MSF réclame enfin l’accès à l’ensemble des zones assiégées et la possibilité de circuler librement pour faciliter les évacuations médicales ainsi que l’arrivée sur place de matériel et de personnel.
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