Taxe sur la « malbouffe » : la Banque mondiale exhorte les pays en développement à lutter contre le « fardeau » de l’obésité

Par
Publié le 07/02/2020

Crédit photo : PHANIE

Taxer les aliments mauvais pour la santé, mettre en place des systèmes de santé primaire efficaces, mettre l’accent sur la prévention ou encore concevoir des villes avec des espaces permettant l’activité physique (terrains de jeux, sentiers pédestres et cyclables). Dans un rapport publié jeudi, la Banque mondiale donne des pistes aux pays en développement pour enrayer l’obésité.

4 millions de décès liés à l’obésité chaque année

Cette dernière a en effet triplé depuis 1975 et touche désormais les pays à revenu faible ou intermédiaire. Plus de 70 % des 2 milliards de personnes en surpoids ou obèses dans le monde vivent dans ces pays. Les maladies liées à l’obésité comptent actuellement parmi les trois principaux tueurs dans le monde (excepté en Afrique subsaharienne), engendrant 4 millions de décès chaque année.

Les facteurs de cette escalade macabre sont identifiés : les aliments ultra-transformés et sucrés, la baisse de l’activité physique et une croissance des revenus qui va de pair avec une augmentation de la consommation d’aliments mauvais pour la santé.

Le coût de l’obésité explose également. Selon les estimations de la Banque mondiale, il devrait atteindre plus de 7 000 milliards de dollars dans les pays en développement dans les 15 prochaines années. Rien qu’au Brésil, les coûts des soins liés à l’obésité devraient passer de moins de 6 milliards de dollars en 2010 à plus de 10 milliards en 2050. Des coûts indirects, liés à la baisse de la productivité, à l’absentéisme ou à des retraites anticipées, affectent également les individus et les sociétés.

« Avec la croissance économique et l’augmentation des revenus par habitant, les impacts dévastateurs et le fardeau de l’obésité continueront de se déplacer vers les pauvres », commente le Dr Meera Shekar, responsable de la nutrition au sein de la Banque mondiale, et coauteure du rapport avec le Dr Barry Popkin (Université de Caroline du Nord aux États-Unis).

Développer une « approche globale »

Pour enrayer le phénomène, la Banque mondiale plaide en faveur d’une « approche globale ». En premier lieu, il s’agit d’investir dans des systèmes de soins de santé primaires « abordables et de qualité » : « Cela a du sens d'un point de vue tant sanitaire qu'économique, estime le Dr Muhammad Pate, directeur mondial de la santé, de la nutrition et de la population à la Banque mondiale. Mettre davantage de ressources en première ligne pour détecter et traiter les affections précoces, avant qu'elles ne deviennent plus graves, sauve des vies, améliore les résultats pour la santé, réduit les coûts des soins de santé ».

L’enjeu porte également sur des mesures préventives : étiqueter les aliments transformés, accroître l'éducation des consommateurs, réduire le sel et les boissons sucrées, et investir dans des programmes de nutrition pour la petite enfance, énumère la Banque mondiale dans un communiqué.

Dans ce contexte, la taxation des aliments mauvais pour la santé (aliments ultra-transformés, trop gras, trop sucrés ou trop salés) s'avère nécessaire, est-il indiqué. Les mesures visant à faire évoluer nos régimes et systèmes alimentaires permettraient de répondre à certains des défis posés par le changement climatique, fait par ailleurs remarquer la Banque.


Source : lequotidiendumedecin.fr