Marisol « tout baigne »... La ministre de la Santé a hérité, à l’occasion de son bras de fer hivernal avec la profession, d’un nouveau sobriquet en référence à son discours répétant que l’arrêt d’activité des médecins n’a eu aucune répercussion pour les patients.
Après deux semaines d’un conflit qui risque de se prolonger, glissant de la fermeture des cabinets à la grève administrative (lire ci-contre), cette anecdote montre que le combat a désormais lieu aussi (surtout) sur le terrain de la communication.
De ce point de vue, le mouvement des médecins libéraux continue de bénéficier d’un large écho médiatique et reçoit le soutien de l’opinion (58 % des Français trouvent la grève justifiée, selon un sondage Ifop publié dans le « Journal du dimanche »). Mais de son côté, Marisol Touraine a jusque-là campé sur ses positions, affichant sa fermeté sur l’essentiel (pas de réécriture globale de la loi, maintien de la réforme du tiers payant généralisé, pas d’ouverture sur la hausse du C...).
Diviser, dédramatiser...
Non sans habileté, la ministre de la Santé est du moins parvenue à diviser le front protestataire qui unifiait les médecins et les établissements. Après avoir calmé les urgentistes hospitaliers (lire page 6), elle a déminé en partie le conflit qui couvait dans les cliniques privées en négociant directement avec la puissante Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Cette dernière a rapidement levé son mot d’ordre de grève illimitée au grand dam de nombreux spécialistes de bloc opératoire et des syndicats engagés dans le conflit (lire page 4).
Parallèlement, les ARS ont procédé à de nombreuses réquisitions afin d’assurer la permanence et la continuité des soins. Malgré des situations locales de forte tension (aux urgences, à la régulation), cette anticipation a permis au ministère de dédramatiser et de banaliser la portée du mouvement.
Rude année électorale
Mais la séquence conflictuelle est loin d’être terminée. Elle est plutôt entrée dans une deuxième phase. Les syndicats ont promis une mobilisation au long cours et des actions de contestation protéiformes si Marisol Touraine ne fait pas d’avancée significative. À l’aube d’une année électorale qui s’annonce rude pour la majorité et le gouvernement (départementales fin mars, régionales en décembre), une guérilla durable du corps médical (administrative, tarifaire) tomberait au plus mal, surtout si elle pénalise les assurés par un allongement des délais de remboursement.
D’autres clignotants s’allument : les internes (ISNI) ont sonné à leur tour la « mobilisation générale » contre un texte qu’ils jugent « inadapté et dangereux » pour l’organisation de l’offre de soins. Des réunions d’information sont prévues dans les internats et l’ISNI réunira ce week-end une assemblée générale extraordinaire afin de décider des modalités d’action et de mobilisation.
C’est dans ce contexte que François Hollande s’est employé à rassurer les médecins, leur promettant un tiers payant « plus simple ». De son côté, Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, a rencontré cette semaine plusieurs responsables du monde de la santé (lire page 5) pour prendre le pouls de la profession. La grève des médecins pourrait s’inviter durablement dans le débat politique.
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