Journée nationale de la prévention du suicide

Tous concernés !

Publié le 07/02/2012
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DEPUIS 15 ANS, l’Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS) sensibilise l’opinion publique et les pouvoirs publics sur ce fléau social. « Tous acteurs et citoyens, régions, territoires et proximité dans la prévention du suicide ». Tel est le thème retenu pour cette 16e édition qui sera ponctuée de diverses manifestations dans toute la France*, dont un colloque à Paris sous le haut patronage du ministère de la Santé, lequel sera ouvert ce matin par la Secrétaire d’État à la Santé, Nora Berra. « La prévention du suicide c’est l’affaire de tous. Tous les acteurs quels qu’ils soient sur le terrain, en milieu hospitalier, à l’école, dans l’environnement professionnel, ont un rôle à jouer », déclare Thérèse Hannier, présidente de l’UNPS. « La prévention est un domaine extrêmement complexe. On ne peut pas trouver de recettes toutes faites pour trouver la meilleure façon d’agir contre le suicide. Il y a d’abord des attitudes, un certain regard qui doit changer sur la personne qui souffre », ajoute-t-elle. Pour le Dr Mathieu Lustman, généraliste et sociologue, représentant de l’Union des Centres Recherche et rencontres membre de l’UNPS, tout le monde doit participer à la prévention mais chacun doit le faire à sa place. « La prévention du suicide, c’est avant tout un travail en réseau. On doit tous s’impliquer pour repérer les signaux d’alerte mais savoir aussi quand et comment passer la main », poursuit-il. Pour un médecin généraliste la prévention du suicide se heurte d’abord à des problèmes pratiques.

Une évolution lente.

Ainsi, « 70 % des personnes qui font une tentative de suicide ont été consulter et n’ont pas forcément évoqué leurs envies de mourir. Si un médecin n’est pas sensibilisé à poser la question la réponse ne viendra pas. Et s’il pose la question et n’a pas derrière lui un réseau sur lequel s’appuyer, la réponse ne sera pas forcément efficace », estime le Dr Lustman. Cette journée nationale est aussi l’occasion de s’interroger sur la place qu’occupe ou devrait occuper la prévention du suicide dans le cadre de la réorganisation sanitaire sur le plan territorial orchestré par la loi HPST. Car c’est sur les Agences régionales de santé (ARS) que s’appuie la mise en œuvre au niveau local du nouveau programme national d’actions contre le suicide 2011-2014 discrètement lancé en septembre dernier par le gouvernement. « La France a eu une évolution lente en matière d’attention et de programme d’actions pour la prévention du suicide », considère François Facy, vice-présidente de l’UNPS et directrice de recherche à l’INSERM. « Pour la première fois en France, nous avons un plan qui s’étend très largement sous forme de 49 mesures. Si ces actions sont parfaitement menées dans les régions et au niveau national, nous pouvons espérer des retombées très favorables », estime Thérèse Hannier. « L’application de ce plan interministériel est placée sous la responsabilité du premier ministre. Le comité de pilotage du plan doit en principe se réunir une fois par an. C’est nettement insuffisant. À L’UNPS nous serons très attentifs au suivi de l’application de ce plan car entre les attentions et les actions il y a parfois un décalage », indique la présidente de l’union nationale.

10 500 morts.

Chaque année en France plus de 10 500 personnes décèdent par suicide. Et plus de 250 000 commettent des tentatives, à l’origine de 90 000 hospitalisations par an. Deuxième cause de décès chez les 15-24 ans après les accidents de la route et première cause de mortalité chez les 25-34 ans, le phénomène inquiète s’agissant des jeunes enfants. « En l’espace d’un mois il y a eu une dizaine d’enfants de 8 à 12 ans qui se sont suicidés depuis le début de l’année. Ceci doit nous interroger sur les raisons de ces passages à l’acte, notamment leur médiatisation car il peut y avoir un phénomène de mimétisme », indique Thérèse Hannier. « Depuis quelques années, on constate que de plus en plus de parents de jeunes enfants de 8 à 9 ans nous appellent à ce sujet », confie la présidente de l’UNPS. « Les enfants d’aujourd’hui sont extrêmement précoces et ils ont tendance à calquer leur comportement sur les adultes avec toute la violence éventuelle que cela peut représenter et le risque d’un basculement impulsif dans le passage à l’acte », poursuit-elle. Au de-là de cette journée nationale, l’UNPS va militer pour que la prévention du suicide obtienne devienne une nouvelle « grande cause nationale ».

*Plus d’informations sur les manifestations sur le site Internet www.infosuicide.org

DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9079