SANS DOUTE pour occuper le terrain, Nicolas Sarkozy a tenu avant-hier la quatrième conférence de presse de son électorat, consacrée au grand emprunt et aux investissements déjà faits dans la recherche et dans la santé. Le message est clair : l’opposition n’offre que des promesses, le gouvernement agit, stimule l’économie et dépense chaque sou de manière à ce qu’il soit utile à la modernisation du pays et à l’emploi. La manœuvre de diversion peut paraître pathétique, d’abord parce que les sujets évoqués par le chef de l’État n’ont pas la même force que la candidature de Mme Aubry, ensuite parce que la cote de popularité du président reste très basse, autour de 30 %, alors que dix mois seulement nous sépare de l’échéance électorale. Bien entendu, tout est encore possible, à commencer par les accidents de parcours, comme celui qui a éliminé Dominique Strauss-Kahn, ou de bons résultats socio-économiques (peu probables, compte tenu de la crise de l’euro), ou encore une bataille dévastatrice au sein du PS qui, loin de produire un candidat démocratiquement, accentuerait les divisions.
Primaires critiquées.
Les primaires elles-mêmes ont été vivement contestées par la droite. Le chef de l’UMP, Jean-François Copé, y voit une façon de ficher la population, rien que ça, et désigner publiquement ceux qui se réclament du PS et ceux qui ne s’en réclament pas. On n’y avait pas pensé, de même qu’on aurait préféré une meilleure réponse de Martine Aubry, qui a expliqué que les fichiers créés à l’occasion des primaires seraient détruits par la suite. Ce qui est une façon de reconnaître que ces documents sont dangereux pour les libertés et que la Commission nationale Informatique et Libertés (CNIL) devrait fourrer son nez dans cette affaire. On comprend mal toutefois qu’un système largement expérimenté en Italie ou qui fait partie intégrante des scrutins américains depuis des décennies puisse poser en France un problème aussi sérieux. Aux États-Unis, les militants se font enregistrer au parti républicain ou au parti démocrate avant les élections primaires et, la plupart du temps, ils gardent cette étiquette pour les scrutins suivants sauf s’ils changent d’avis.
AUBRY ET HOLLANDE NE SONT PAS ÉQUIVALENTS
En tout cas, ni M. Copé, ni la majorité actuelle ne sont en mesure d’anéantir une procédure librement choisie par les socialistes, à laquelle ils se préparent depuis de nombreux mois et qui sera difficile à mettre en œuvre, ne fût-ce que parce qu’elle innove : un renoncement ferait très mauvais effet, surtout à gauche, où l’on est persuadé de l’emporter à la présidentielle et aux législatives. Il est donc indispensable, aux yeux du PS, que les primaires clarifient le débat. Tenace, Ségolène Royal a cru bon, le week-end dernier, d’annoncer une deuxième fois et, tout aussi solennellement, qu’elle était candidate, histoire de faire du « buzz » autour d’elle et, là encore, de diminuer l’effet d’annonce auquel Martine Aubry devait se livrer trois jours plus tard. Tentative probablement vaine, comme celle de M. Sarkozy. De son côté, François Hollande, qui domine les sondages d’opinion, est resté discret. Il se tâte visiblement. Quand il s’est déclaré, la presse était pleine de dossiers et d’enquêtes sur sa vie et ses idées ; et il y encore quelque quinze jours, on ne parlait que de lui. On l’a même cru capable d’endosser les habits de DSK, de le remplacer, de parvenir au même degré de popularité.
On va voir si la candidature de Martine Aubry, qui, pourtant, n’est qu’un acte attendu, peu surprenant et purement formel, va lui permettre de doubler M. Hollande pendant la course. Contrairement à ce que l’on nous dit, ils ne sont pas équivalents. Des nuances les séparent qui, sur le plan de la gestion du budget ou des affaires sociales, peuvent devenir des abîmes. M. Hollande aurait, disent les journaux, commis l’erreur de se présenter comme un candidat « normal », par opposition à la parfois extravagante Ségolène Royal, (laquelle, comme Sarkozy, jure qu’elle a changé) ou au style souvent exubérant et peu présidentiel du chef de l’État. On répète qu’Aubry et Hollande sont également rassurants. On nous permettra d’être plus rassurés par un homme qui, de toute évidence, résiste à la dangereuse utopie que la souffrance sociale de bon nombre de citoyens et de partis inspire à beaucoup d’honnêtes gens, que par une femme plutôt autoritaire qui continue de croire que la semaine des 35 heures était une excellente mesure.
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