PEUT-ÊTRE n’y a-t-il rien de plus beau, de plus unique, de plus courageux que cette décision de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et ses consurs européennes d’interdire sine die l’espace aérien aux avions de ligne. Nécessité fait loi. La vie humaine a plus de prix que les bilans des transporteurs, est plus précieuse que la modernité, et elle est plus farouchement défendue, dans nos sociétés, que l’économie. Alors même que les pays industriels du Nord peinent à retrouver un rythme de croissance convenable, un caprice de la nature les rejette dans le marasme, avec des pertes financières qui pèseront sur les taux de croissance, sur la Bourse, sur les emplois. Certes, le souci politique est toujours présent : la mesure prise par les pouvoirs publics, terrorisés par l’éventualité d’une catastrophe que les opinions ne leur auraient pas pardonnée, a été aussi dictée par l’art de choisir entre deux affreux inconvénients : le risque mortel et le chaos socio-économique.
Place au doute.
Tout le monde aura néanmoins observé que, les jours s’écoulant, le zèle sécuritaire a laissé la place au doute. Lesquels se sont accrus quand des essais de vol ont été réalisés (que ne l’a-t-on pas fait plus tôt!) et ont démontré que les avions traversaient sans le moindre dommage cet inqualifiable nuage que personne, pendant notre premier week end printanier, ne pouvait déceler en levant les yeux vers le ciel le plus bleu qu’il nous ait été donné de voir depuis l’année dernière. Les experts avaient beau nous expliquer que les particules dangereuses pour les turbines d’avions à réaction ne sont pas visibles à l’il nu, même de près, les malheureux bloqués dans les aéroports ou transformés en pélerins de Saint-Jacques de Compostelle par la multitude de chemins possibles commençaient à penser qu’ils étaient victimes d’une catastrophe virtuelle. Le gouvernement français a gardé intacte sa détermination et s’est employé à rapatrier, dans des conditions compliquées, les Français abandonnés à l’étranger, parfois sans le sou. On le félicitera pour sa force d’âme tout en écoutant ceux qui font désormais métier d’incriminer le principe de précaution, ce merveilleux postulat que nous avons inscrit dans la Loi fondamentale, mais qui, en répandant la peur, a aussi supprimé l’autre courage, celui de se lancer dans des entreprises risquées.
N’INCRIMINONS PAS, CETTE FOIS, LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION
Bien entendu, il ne faut pas exagérer. L’affaire du volcan ne doit pas être comparée à des erreurs de comportement public provoquées par l’intense usage du principe de précaution. D’aucuns nous disent : les autorités ont réagi, au sujet du volcan, comme elles ont réagi au sujet de la grippe A (H1N1), c’est-à-dire excessivement et à un prix faramineux. Mais les gouvernants ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils savent pertinemment que s’ils avaient laissé un long-courrier s’abîmer dans l’océan, le scandale les aurait durablement disqualifiés. Et ce sont les partisans de la prise de risque qui auraient dénoncé l’impéritie criminelle de nos dirigeants.
Essayons donc pour une fois de ne pas ouvrir une polémique sur un sujet dont les meilleurs experts ne disent rien avec une certitude absolue. Le soupçon existe que, si les pouvoirs publics n’avaient pas interdit les vols comemrciaux, la vie aérienne se serait poursuivie sans dommages. Mais c’est tellement facile de juger a posteriori. On essaiera plutôt de chercher les rares avantages de cette hypothétique fermeture du ciel, lequel, comme chacun sait n’a ni serrures ni verrous : pour les riverains des aéroports, par exemple, qui n’en croient pas leurs oreilles, c’est le cas de le dire ; pour les personnes bloquées dans une ville, dans un port, dans une région dont ils ont soudain le temps d’explorer les beautés qu’ils négligeaient ou ne décelaient pas auparavant ; dans la douceur de vivre quelques journées ensoleillées ; et même dans ce prodigieux arrêt du temps, cet immense silence international, ce répit incroyable accordé aux plus frénétiques d’entre nous.
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