GRIPPE : un mot de la langue populaire utilisé depuis le XVIIIe siècle pour qualifier cet ensemble de symptômes désagréables qui « agrippent » ses victimes. L’histoire de la grippe est celle des patients bien sûr mais aussi des chercheurs, des pouvoirs publics, des politiques de santé et des comportements collectifs. Pour relater cette histoire à multiples facettes, Patrick Berche commence par revenir sur la pandémie de grippe porcine de 2009 pour en analyser le scénario débuté au Mexique, par rappeler au lecteur les subtilités et les variations de ce virus « fantasque et déconcertant », les variations de sa virulence, ses réservoirs animaux, l’histoire de la vaccination et de ses imperfections. Revenir sur cet épisode de la grippe porcine de 2009, dont la gravité a été finalement bien moindre que celle des grippes saisonnières, montre à quel point il est important de connaître l’histoire de la grippe et de ses variantes, capital de prendre conscience que la magnitude d’une épidémie de grippe est liée principalement au taux d’immunisation d’une population contre un virus original (différent du virus saisonnier endémique) mais aussi au brassage des populations lié à la circulation des personnes à travers la planète dans un court laps de temps, comme en 2009 à partir du Mexique si l’on veut pouvoir répondre à la question : une catastrophe comme celle de 1918 peut-elle se reproduire ?
Rendre la vie à un virus.
Mais le microbiologiste, doyen de la faculté de médecine de Paris-Descartes est aussi féru d’histoire des sciences et spécialiste du bio terrorisme (cf. QdM 30 mars 2009, « Histoire secrète du bio terrorisme ») et, si son ouvrage détaille les différentes épidémies, de la grande pandémie de grippe espagnole de 1918 qui fit près de 100 millions de victimes à l’épidémie alarmante mais avortée de 2009, (mortalité de 0,03 % pour 0,1 % au cours de la grippe saisonnière), c’est aussi pour revenir sur l’étonnante saga de la découverte et du décryptage du génome du virus de la grippe espagnole « mère de toutes les pandémies » par l’américain Jeffrey Taubenberger, la résurrection de ce virus de 13 500 nucléotides par Terence Turpey des CDC d’Atlanta en association avec les équipes de Taubenberger en 2005 et les questions éthiques qu’elle pose. Rendre la vie à un virus hautement virulent comme celui-ci n’est en effet pas sans risque affirme Patrick Berche. Ce virus ne pourrait-il pas, en effet, devenir une arme biologique redoutable entre les mains malveillantes de bioterroristes souligne, dans sa préface, le spécialiste américain des vaccins Stanley Plotkin. Retracer cette aventure revient donc aussi à participer au débat sur la dangerosité potentielle, pour la sécurité publique, de la diffusion de ces travaux et d’autres plus récents comme ceux des équipes néerlandaises et américaines sur le développement d’une mutation du virus aviaire H5N1 capable de se transmettre entre humains. Un débat tout à fait d’actualité qui agite la communauté scientifique et l’OMS depuis plusieurs semaines maintenant et qui n’a pas encore trouvé de réponses satisfaisantes.
Patrick Berche, Faut-il encore avoir peur de la grippe ?, Histoire des pandémies, Odile Jacob, 280 pages, 23,90 euros.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation