De l’hôpital à la politique locale

Un maire médecin raconte ses 24 ans de mandat

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Publié le 30/03/2015
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Le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny avait prédit qu’il deviendrait « chef de village ». Le « sage » ne croyait pas si bien dire ! Quelques années après son exil africain, le Pr Pierre Pène allait devenir maire d’une bourgade des Bouches-du-Rhône de 4 500 âmes, un an après avoir intégré l’académie de médecine. Entre 1989 et 2013, il gagnera cinq élections municipales consécutives – avec une avance chaque fois plus confortable – pour devenir à 91 ans, l’un des plus vieux maires de France en activité.

Dans un ouvrage* de 200 pages, le professeur de pathologie médicale explique les motivations qui l’ont incité à s’engager dans la vie de sa cité. Il décrit cette « deuxième vie professionnelle », les responsabilités, les décisions compliquées à prendre, les inévitables conflits avec l’opposition, et les rares moments de reconnaissance. « Mes activités passées m’ont aidé à faire face à cette nouvelle expérience qui m’a passionné », écrit le Pr Pène, poussé par des habitants de sa commune à présenter sa candidature, après avoir été de son propre aveu un « conseiller municipal modèle ».

Pierre Pène ne cache pas les moments difficiles. Au milieu de son premier mandat, confronté à une féroce opposition au conseil municipal, il démissionne pour provoquer une nouvelle élection et revenir avec une majorité plus forte. Sa carrière à la direction d’un service hospitalier a constitué un atout dans sa réussite. « La rencontre avec la population a été relativement facile pour moi parce que je suis médecin et que je sais écouter les autres », témoigne-t-il dans son ouvrage.

Beau métier au service des autres

Le jeune édile a rencontré, comme nombre de maires, des difficultés de financement. Après s’être opposé à la construction d’un parking municipal qui aurait grevé les finances de sa municipalité, il se réjouit de la reprise du casino par le groupe Barrière... qui permettra de renflouer durablement les caisses.

Le maire retrouve occasionnellement sa casquette de médecin lorsque des administrés lui parlent de leurs problèmes de santé, ou lorsqu’il crée un pack sécurité remis aux jeunes mères (pour prévenir les accidents de la petite enfance). « Je m’étais adapté à mes fonctions de maire et je considère, pour le médecin que je suis, qu’il s’agit d’un beau métier au service des autres », reconnaît Pierre Pène.

« Être maire et médecin est à la fois une chance et un privilège. Avant la deuxième guerre mondiale, de nombreux médecins étaient maires de leur commune, analyse-t-il. C’est plus difficile aujourd’hui car la médecine s’est complexifiée. Les médecins sont toujours sur la brèche et ont rarement le temps et l’envie d’augmenter leur durée de travail journalier. » Aucune amertume dans ses propos, ni regret d’avoir été chef de village pendant un quart de siècle.

« Maire, quelle aventure ! », Pr Pierre Pène, les éditions Bergame, 20,30 euros
Ch. G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9399