La santé en librairie
DES FRAGMENTS de réalité médicale, des histoires de gens, de gardes, de couloirs d’hôpital et de bancs de fac, d’humeurs bonnes et mauvaises, d’odeurs et de bons mots, de tracas et de lâchetés en tous genres pour « partager, ne pas s’habituer, ne pas oublier », s’explique la jeune auteure. Ces histoires vécues, « histoires brutes et non romancées », sont racontées avec un humour dévastateur et une acuité que ne contesteront pas tous ceux qui ont vécu le long périple des études de médecine et persistent à refuser d’abandonner leur esprit critique.
Pas de pathos ni de leçons de morale, pas plus d’arrogance que de fausse humilité, ces textes courts sont autant, comme le souligne Martin Winckler dans sa préface, « un hymne à l’exercice de la médecine générale avec ses hauts et ses bas » qu’un exercice critique. Mais aussi une espèce de journal pour s’épancher et prendre quelques distances avec la douleur, le malheur, l’impuissance, la peur de mal faire.
Le jeune Dr Jaddo a l’œil aussi perçant que le verbe acéré : bon plan pour le lecteur qui y reconnaît son environnement quotidien et peut s’en consoler dans un grand éclat de rire salvateur. Qu’il s’agisse de l’hilarant récit d’une tentative de communication téléphonique avec l’URSSAF ou des commentaires sur la « burodiotie », de l’absurdité de certaines demandes des patients ou de la prétention de certains confrères. Pour autant, les histoires « livrées brutes » échappent à la prétention et, sous l’humour comme dans la présentation parfois rugueuse de cette jeune docteur « à couettes », qui fume, boit et préfère les frites aux recommandations « hygiénodiététiques », percent une tendresse et une inquiétude bien sympathiques. « Juste avant d’être médecin, je voulais être dresseuse d’ours. Autant dire que ça remonte. Pour le moment je ne regrette rien. » Malgré tout ça et à condition de pouvoir le partager sans doute.
« Quand on fait un interrogatoire, il y a ce que les gens disent et ce qu’on peut décemment écrire dans un dossier médical. Entre les deux, il y a le médecin et son stylo Bic. Et parfois, l’exercice de style est délicat », écrit-elle dans un de ses posts (www.jaddo.fr). L’exercice de narration proposé ici devrait avoir du succès.
Jaddo, « Juste après dresseuse d’ours - Les histoires brutes et non romancées d’une jeune généraliste », Fleuve noir, 292 p., 14,90 euros.
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