La reprise des négociations Israël-Palestine

Un petit miracle

Publié le 06/09/2010
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Crédit photo : AFP

IL A NOTAMMENT refusé de céder aux provocations du Hamas, auteur de deux attentats qui ont fait quatre morts et deux blessés israéliens, alors qu’il aurait pu y trouver une bonne raison pour renoncer à la négociation. Le Hamas continue de publier des communiqués d’une violence extrême et l’Iran ne manque jamais d’ajouter ses encouragements à la haine. Sur ce point, on n’a pas entendu beaucoup de commentaires outragés dans la presse internationale qui fut si prompte à condamner Israël lorsqu’une flottille dite humanitaire a tenté de forcer le blocus de Gaza : tous les jours, Gaza apparaît un peu plus comme une base d’agression contre Israël. Il est vrai que Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, a fait arrêter de nombreux militants du Hamas en Cisjordanie, ce qui montre que les deux camps sont moins Israël et la Palestine que les promoteurs de la paix et ceux de la guerre.

Recevoir les coups sans broncher.

Le chef du gouvernement israélien a en outre accompli un petit miracle en écartant des négociations son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, qui dirige le parti de droite Isræl Beytenou, sans pour autant que ce parti, dont les critiques de la politique gouvernementale sont abondantes et répétitives, ait quitté la coalition. Bien entendu, Israël n’est pas à l’abri des nouveaux attentats promis par le Hamas et ceux qui, de l’ONU à l’Europe, font métier de dénoncer le comportement d’Israël, sont incapables de nous dire comment Israël doit recevoir les coups sans broncher, et surtout sans geler les négociations. On a toutes les raisons de garder la tête froide,de ne pas se faire d’illusions et de ne pas croire que les deux parties franchiront triomphalement les nombreux obstacles qui jalonnent le chemin vers un grand accord de paix.

On conviendra toutefois que Barack Obama ne s’est pas laissé abattre. Il a réussi le tour de force de maintenir les liens étroits des États-Unis et Israël tout en faisant progresser un processus de paix gelé depuis près de deux ans. Il a besoin du vote juif aux midterm elections qui risquent de le priver de la majorité parlementaire, même si d’autres gouvernements en ont été privés avant lui (les juifs américains votent démocrate à 80 %). En dépit d’innombrables imperfections, il poursuit son calendrier, avec l’évacuation d’Irak des forces américaines de combat et la perspective d’un retrait d’Afghanistan à la fin de l’année prochaine.

Certes, la politique irakienne et afghane du président des États-Unis n’est pas un succès. Les élections en Irak, qui remontent au début de l’année, n’ont pas produit à ce jour de gouvernement. Le bilan irakien est consternant : quelque 200 000 Irakiens et 4 500 Américains tués, un million de réfugiés, une production de pétrole qui n’est pas revenue au niveau d’avant l’invasion du pays, un chaos administratif, une emprise considérable de l’Iran sur le Sud chiite, des coupures d’eau et d’électricité nombreuses, un regain de violence au cours de l’été. On peut voir l’évacuation programmée des soldats américains comme un signe d’abandon devant l’ineptie des Irakiens, incapables de s’unir et de former un gouvernement.

L’Afghanistan, entre-temps, évolue comme un Irak-bis, avec une très forte présence des Taliban, qui contrôlent plusieurs régions, des pertes alliées de plus en plus élevées, une grave incertitude sur les objectifs politiques et militaires de l’OTAN, un risque sérieux de défaite causé principalement par la lassitude et le découragement des membres de l’Alliance atlantique. Autant l’évacuation de l’Irak est justifiée par l’idée de guerre inutile et injuste qui n’a permis vraiment que d’abattre Saddam Hussein, autant celle de l’Afghanistan pose la question des lignes de défense de l’Occident face au terrorisme dont les progrès régionaux sont incontestables, notamment au Pakistan et en Afrique du Nord.

OBAMA NE REMPORTE PAS QUE DES SUCCÈS MAIS IL EST TENACE ET INLASSABLE

Une tâche colossale.

Pourtant, la ténacité de M. Obama reste entière. Sa tâche reste colossale 20 mois après son élection. Il se bat sans relâche sur les fronts extérieurs en pratiquant une diplomatie inlassable, il affronte une crise économique qui a créé un chômage structurel aux États-Unis, il tient tête à l’hystérie mensongère du mouvement incontrôlable des Tea Party, bref, il ne manque pas de courage. À son actif, on doit quand même inscrire la réfome du système bancaire et celle de l’assurance-maladie, toutes deux assez contestées pour avoir donné naissance à une forme active d’intolérance à sa propre personne. Mais, quoi qu’il en soit, il a plus de deux années de mandat devant lui et la partie commence à peine.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 8808