UNE ENQUÊTE réalisée par des chercheurs de l’université de Columbia, à New York, auprès de 1 200 personnes vivant le long de la côte en Louisiane et dans le Mississipi, montre que plus d’un tiers des enfants de la zone concernée ont été victimes de symptômes physiques ou de détresse psychologique que leurs parents ont attribués à la marée noire.
Selon l’enquête publiée cet été aux États-Unis*, 40 % des adultes vivant à moins de 16 km de la côte le long du golfe du Mexique ont été en contact avec le pétrole de la marée noire directement ou par l’intermédiaire des opérations de nettoyage. Parmi ceux-ci, près de 40 % ont décrit des symptômes traduisant des irritations cutanées ou des problèmes respiratoires qu’ils attribuaient aux produits pétroliers.
Un foyer sur trois a vu ses revenus baisser à cause de la marée noire et 8 % des foyers ont été affectés par une perte d’emploi. Ces privations concernaient le plus souvent les foyers déjà vulnérables sur le plan économique, ceux dont les revenus sont inférieurs à 25 000 dollars par an.
Dans ce contexte, plus d’un quart des résidents côtiers ont indiqué qu’ils pensaient qu’il leur faudrait peut-être déménager hors de la région. Ce pourcentage s’élevait à 36 % pour ceux qui gagnaient moins de 25 000 dollars. Et les enfants dont les parents pensaient qu’il leur faudrait peut-être déménager avaient trois fois plus de chances de présenter des symptômes de détresse psychologique que ceux dont les parents ne pensaient pas que cela serait nécessaire.
Recommandations.
La conclusion la plus frappante de cette étude « inspirée par les leçons de Katrina », indique au « Quotidien » David Abramson, son principal auteur, « est de constater à quel point les personnes interrogées anticipaient que la marée noire allait avoir un effet sur leurs enfants et s’attendaient à des problèmes à long terme pour ceux-ci ». Cet effet, précise-t-il, « n’est pas directement lié à l’exposition au pétrole. Il dépend de la façon dont la société répond à ce type d’événement. L’impact économique est aussi important que l’impact physique. »
David Abramson admet que l’enquête réalisée par son équipe a des limites, dues au fait, d’une part, qu’elle est fondée sur la perception des gens et non des mesures objectives et, d’autre part, que ses résultats ne peuvent être comparés à la situation avant la marée noire, faute de données. Le chercheur estime néanmoins que les informations qui s’en dégagent sont suffisamment fiables pour faire deux types de suggestions. Il recommande donc, l’amélioration immédiate des services de santé physique et mentale à la disposition de la population locale mais également la mise en place d’une structure du genre commission, réunissant des spécialistes de la santé, des scientifiques et des économistes pour aider la population à prendre des décisions rationnelles.
* http://www.ncdp.mailman.columbia.edu/files/NCDP_Oil_Impact_Report.pdf
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