JEUDI MATIN, les dirigeants de la gauche se déclaraient excédés par les questions des journalistes sur l’affaire Trierweiler. Elle n’aura, il est vrai, aucun effet sur les résultats du second tour des législatives. Il n’empêche que, derrière la candidature de Ségolène Royal, ex-candidate à la présidence de la République, il y a le projet, annoncé depuis de nombreux mois, de faire d’elle la présidente de l’Assemblée nationale. Ce projet était un peu choquant, dans la mesure où il ignorait quelques étapes à franchir. La réalité est toute autre. Mme Royal ne peut devenir présidente de l’Assemblée si elle n’est pas d’abord élue députée. Toute une belle construction est mise à mal, pour ne pas dire détruite, par le suffrage universel.
Une faute
Valérie Trierweiler a commis une faute parce que, depuis l’élection de François Hollande, elle se trouve dans une situation complexe et ambiguë. Elle ne veut pas être la première dame et entend poursuivre sa carrière de journaliste. Dans ce cas, elle ne saurait intervenir publiquement sur la manière dont le Parti socialiste conduit ses affaires. Si, en revanche, elle a son mot à dire en politique, elle a besoin d’un autre statut et doit renoncer à sa profession. Conformément à son habitude, François Hollande n’a pas tranché, laissant de la sorte l’ambiguïté aboutir un énorme couac politico-sentimental tout à fait comparable à ce que la gauche reprochait naguère à Nicolas Sarkozy, qui étalait sur la place publique son divorce, son remariage, ses chagrins d’amour, puis son bonheur d’avoir échappé à la solitude. Certes, M. Hollande ne dit jamais rien, ne laisse transparaître aucun état d’âme et apparaît comme la victime d’une passion incontrôlable de sa compagne. Plusieurs signes de tension auraient dû pourtant l’alerter. Comme il venait de saluer Ségolène Royal le soir de sa victoire, le 6 mai dernier, Valérie Trierweiler, qui, de toute évidence, tient à conserver la première place dans le cœur du président, lui a demandé de l’embrasser sur la bouche. Tous les téléspectateurs ont assisté à cet épisode. Il y en eut d’autres, avant et après l’élection.
De son côté, Mme Royal subit, depuis qu’elle a réuni 17 millions de voix autour de son nom en 2007, une série de revers politiques. Elle a été battue aux primaires. Elle n’était plus députée parce qu’elle voulait donner l’exemple en ne gardant que son mandat de présidente de Poitou-Charente. Battue platement aux primaires socialistes de 2011, elle ne parvient pas à faire un comeback et risque aujourd’hui de n’être ni députée, ni présidente de l’Assemblée.
Une lutte contre le passé
Mme Trierweiler a un caractère aussi bien trempé que celui de Mme Royal. Elle est confrontée tous les jours au passé amoureux et familial de M. Hollande qui a conçu quatre enfants avec Ségolène Royal et ne peut, à 57 ans, faire fi du bagage affectif qu’il a accumulé pendant sa vie. La vie personnelle de ces trois personnages célèbres n’est pas distincte, quoi qu’en dise M. Hollande, de la vie politique. Certes, il aura eu avec sa compagne actuelle une explication. Il lui aura prouvé ce qui tombe sous le sens, qu’elle ne doit rien montrer de ses sentiments en public et que sa liberté personnelle s’arrête là où elle gêne le PS, le président et le gouvernement. Qu’elle ne peut pas à la fois revendiquer sa condition de journaliste indépendante et sa capacité à peser sur le cours de l’action politique. Et que, s’il veut lui-même rester impartial, il ne saurait faire payer à Mme Royal le fait qu’il a formé avec elle un couple qui a duré trois décennies. Il se heurte toutefois à une passion où se mêlent amour, jalousie, possessivité, désir de prouver que le grand homme appartient bel et bien à elle seule et non plus à Ségolène, sans compter le désir de nuire à la carrière de celle qu’elle continue à considérer comme sa rivale. M. Hollande agit en s’appuyant sur la mécanique électorale, mais il est confronté à l’imprévisible mécanique des sentiments. La droite voit dans l’affaire Trierweiler un vaudeville qui confine au ridicule. Qu’il nous soit possible d’y trouver surtout la quintessence de la tragédie grecque.
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