C’EST LA DÉFAITE d’un homme qui se prenait pour le messie de l’énergie. C’est aussi celle de Nicolas Sarkozy qui s’était mis en tête d’accéder à toutes les revendications de M. Proglio, sous le prétexte qu’il était le meilleur pour l’avenir de l’énergie française et qu’il avait le droit de diriger deux sociétés et d’en tirer deux salaires. Personne ne nie que Henri Proglio a les compétences pour monter un Meccano énergétique qui protègera la première société productrice d’électricité du monde. Ni que M. Proglio n’est pas le mieux payé des P-DG du CAC 40. Ni qu’en s’acharnant contre lui, l’opposition en a fait un bouc émissaire, censé payer pour tout le reste, les banques arrogantes, sauvées du désastre par l’État mais qui continuent à prévoir d’énormes bonus pour leurs traders, les sociétés multinationales qui se moquent des directives du gouvernement français, le refus des mastodontes bancaires de reconnaître leur responsabilité dans la formation d’un chômage structurel et durable en France, une grande misère dans les pays pauvres et la famine chez les plus défavorisés. Il n’empêche que, sans des hommes comme Proglio, la France risque d’être affaiblie dans une vaste reconfiguration de l’énergie mondiale où il sera indispensable que nous gardions la meilleure place possible, étant entendu que nous y sommes bien préparés.
L’imprudence de l’impétrant.
Il y avait donc de la démagogie à s’attaquer un homme dont le plus grand tort a été de sortir du lot et d’être reconnu par le gouvernement comme celui qui était le mieux préparé à restructurer notre système énergétique. Henri Proglio a néanmoins été imprudent, en ignorant le contexte politique et social, celui-là même qui est propice à toutes les indignations. Il a d’abord demandé à diriger les deux sociétés à la fois, ce qui convenait à un gouvernement désireux de mettre en place une politique énergétique nouvelle et agressive. Puis il a demandé les deux salaires, un peu comme si son dévouement à la cause industrielle de la France était assortie d’une avidité financière d’autant plus grande qu’il a déjà obtenu une retraite-chapeau de quelque 13 millions d’euros. Il a donc cristallisé sur sa personne toute la colère qu’inspirent les comportements d’Ostrogoth qu’ont adoptés les grandes sociétés avant, pendant et après la crise économique et financière. Comme d’habitude, l’opposition politique a mis son cas en exergue pour dénoncer le cynisme général des milieux industriels et financiers.
LES DÉCISIONS LES PLUS FERMES DE SARKOZY SONT CHAQUE FOIS REFOULÉES PAR L’INDIGNATION POPULAIRE
Elle a obtenu gain de cause. De toute évidence, le gouvenrement a voulu en première intention satisfaire les desiderata de M. Proglio pour ne pas le perdre. La ministre de l’Économie, Christine Lagarde, a très bien vu venir l’orage : d’emblée, elle a déclaré que M. Proglio n’aurait pas deux salaires, puis, sous la pression de Matignon, elle a reculé sur ce point. Lorsque M. Sarkozy a compris qu’il paierait les pots cassés d’une promotion excessive, il l’a fait savoir à son homme-lige et lui a dit qu’il devait reculer parce que c’était à lui, Sarkozy, que l’opinion s’en prenait. Du coup, Mme Lagarde est revenue à son premier sentiment et a annoncé que M. Proglio ne toucherait pas deux salaires. Lundi, elle allait plus loin en déclarant que le nouveau président d’EDF ne resterait pas longtemps à Véolia.
Comme beaucoup d’autres, à commencer par la vaine candidature de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD, le pouvoir a très mal géré cette affaire. Il a commencé par tenir bon, puis il a cédé à une opposition qui trouve chaque fois un relais décisif dans l’opinion. On ne compte plus les décisions, mesures, réformes qui sont très mal préparées. Il a fallu toute l’intelligence du Sénat pour refondre un texte de loi sur la suppression de la taxe professionnelle qui ne lèse pas les collectivités locales (et ne soit pas une catastrophe pour le contribuable) ; il a fallu le déchaînement de l’opinion pour que Jean Sarkozy renonce à la direction de l’EPAD ; il a fallu l’activisme des associations humanitaires pour que les Kurdes de Syrie arrivés clandestinement en France samedi dernier échappent, grâce à des décisions de justice, à l’expulsion. Le gouvernement, c’est clair, voulait les envoyer ailleurs en les divisant en quatre groupes soumis à des juridictions différentes, sans leur signaler qu’ils avaient le droit de demander l’asile politique. Comment Éric Besson a-t-il pu croire qu’on peut lutter contre l’immigration clandestine par des mesures clandestines ? Il semble que Nicolas Sarkozy et ses ministres ne tirent pas la leçon de leurs échecs passés et qu’ils les multiplient à souhait. Un soupçon d’incompétence commence à se faire jour.
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