11 décembre 2013 : le G8 réuni à Londres décide, dans la droite ligne du rapport de l’Organisation mondiale de la santé de 2012, de se mobiliser contre les « démences » (« dementia », en anglais, maladies neurodégénératives en Français) qui devraient tripler d’ici 2050 et toucher 135 millions de personnes. 35 millions de personnes sont atteintes par la maladie d’Alzheimer dans le monde, dont 800 000 en France.
Les ministres de la Santé se sont engagés à joindre leurs efforts pour développer l’innovation et trouver des sources de financements, avec l’ambition d’identifier une thérapie d’ici 2025. Trois rencontres de suivi ont été fixées. Organisé par la Grande-Bretagne, un premier rendez-vous sera consacré à l’impact social des maladies neurodégénératives, un deuxième au Japon traitera des nouveaux modèles de prévention et de soins, et la France et le Canada accueilleront les 11 et 12 septembre 2014, le volet consacré aux partenariats entre l’Université et l’Industrie pharmaceutique.
C’est dans ce contexte d’émulation internationale autour des malades neurodégénératives que le ministre de la Santé Britannique Jeremy Hunt a visité le 27 février l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) et l’Institut de la Mémoire et de la Maladie d’Alzheimer, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Deux fleurons du modèle français de prise en charge de ces pathologies, alliant soins, recherche, et industries.
Forte de plus d’une décennie de plans, depuis 2001, la France fait partie des pays influents dans la lutte contre l’Alzheimer, un engagement qui s’est notamment concrétisé par le lancement et la présidence de la JPND (programmation conjointe européenne sur les maladies neurodégénératives) en 2008, lors de la présidence française de l’Union Européenne.
Échanges de bonnes pratiques.
Devant le ministre de la Santé du Royaume-Uni et son équipe, le Pr Joël Ankri, gériatre, auteur de la mission d’évaluation, a rappelé les avancées du 3e plan 2008-2012, prolongé jusqu’en juin 2013 par François Hollande. Les 450 consultations mémoires, et les 28 centres experts pour les cas les plus complexes, notamment les jeunes, constituent « un maillage efficace » de seconde ligne. La création de la banque nationale de données a permis d’enregistrer 450 000 patientes. Les unités cognitivo-comportementales se sont développées pour prendre en charge les troubles du comportement et les 200 maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer (MAÏA) contribuent à réduire le fossé entre le sanitaire et le médico-social. Enfin la recherche a été encouragée grâce à la Fondation de coopération scientifique.
Alors que le Royaume devrait doubler son financement annuel pour lutter contre les démences d’ici 10 ans, soit plus de 130 millions de livres sterling (154,5 millions d’euros), Français et Britannique ont mis en commun leurs interrogations et inquiétudes : Comment lutter contre la stigmatisation ? Quel rôle ont les généralistes ? Comment réduire les délais pour le diagnostic précoce ? Qui peut-on et doit-on dépister ? Comment organiser la prise en charge à domicile ?
« L’idée n’est pas de répliquer tels quels nos modèles, car nos systèmes de santé sont différents ; mais de s’inspirer de cet échange pour réfléchir à nos pratiques », a expliqué au « Quotidien » le Pr Joël Ankri.
En France, un quatrième plan sur les maladies neurodégénératives (et non strictement l’Alzheimer) est attendu à partir du Printemps. Mais jusqu’à sa publication, le silence semble être le maître-mot.
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