Le 20 mars dernier, une Finlandaise de 51 ans, trouvée errante près de la gare d’Arras est orientée vers les urgences puis hospitalisée d’office dans le service de psychiatrie. La patiente a fait une tentative de suicide et présente des troubles comportementaux. Une semaine après son hospitalisation, cette femme, que nous appellerons Mme A., est entendue par le juge des libertés et de la détention. Elle ne parle pas un mot de français. Aucun interprète ne peut être trouvé. Les échanges se déroulent dans un anglais approximatif. Une ordonnance prolonge l’hospitalisation de 6 mois, l’hôpital étant autorisé à lever cette décision avant l’expiration de ce délai si l’état du patient ne justifie plus son hospitalisation.
Dans le cas présent, l’obstacle de la langue complique singulièrement toutes les démarches. « Normalement, des entretiens psychiatriques ont lieu régulièrement pour évaluer l’état du malade, son humeur et l’efficacité du traitement. Tout cela est très complexe avec une patiente ne parlant pas français », explique le Dr Laurence Soubelet, chef du pôle de santé mentale du centre hospitalier d’Arras.
Une histoire de dingues
Au fil des mois, l’état de Mme A. s’améliore. Elle participe aux activités de groupe proposées par l’hôpital. Une sortie est désormais envisageable. L’équipe soignante a trouvé un hôpital psychiatrique près de Rovaniemi, ville d’origine de la patiente, qui pourrait l’accueillir. Le 26 septembre, le juge des libertés se rend à l’hôpital pour statuer sur le cas de Madame A. Il est accompagné d’une interprète. Ravie de s’exprimer dans sa langue, la Finlandaise exprime le désir d’être rapatriée dans son pays. Mais retrouvée sans famille, ni argent, Mme A. ne peut pas financer son rapatriement. Problème : ni l’Ambassade, ni le Consulat n’acceptent de prendre en charge les frais du voyage. « Les Finlandais n’ont pas la même position que les Français sur le rôle de l’État. En Finlande, la personne doit s’aider elle-même », nous explique Rémy Chassaignon, consul honoraire de Finlande à Lille. L’ambassade explore tout de même plusieurs pistes qui pourraient aboutir courant novembre.
Devant ce blocage, le juge des libertés n’a d’autre solution que de prolonger l’hospitalisation. « J’ai bien conscience qu’il ne s’agit pas de la meilleure solution mais je ne peux pas remettre cette personne à la rue, abandonnée à elle-même », déplore Hicham Melhem, juge au tribunal d’Arras.
Déjà plus de 100 000 euros envolés
La chef du service de psychiatrie a, elle, cherché en vain un soutien auprès de l’Aide médicale d’État.
« Pour notre équipe, ce cas est douloureux car les soignants n’ont pas les moyens d’assurer une bonne prise en charge. Nous voyons cette dame rester dans le service, très isolée, alors qu’en Finlande, elle pourrait vivre dans un foyer, avec un suivi psychiatrique régulier », explique Dr Laurence Souvelet.
L’affaire s’avère coûteuse. Le prix d’une journée d’hospitalisation se monte à 600 euros et Madame A. est en France depuis près de 200 jours. Le budget de l’hôpital va s’en trouver sérieusement plombé alors qu’il suffirait de payer un billet d’avion et de détacher un infirmier pour le voyage.
En attendant, Madame A. a entamé son huitième mois d’hospitalisation en France.
De notre correspondante Florence Quille
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