LE CHEF DE L’ÉTAT peut remercier Alain Juppé et Michel Rocard qui ont accompli un travail minutieux et précis. Toute l’idée de l’emprunt, grand ou pas, consiste à développer la compétitivité de la France en augmentant des investissements qui n’ont cessé de baisser ces derniers années et de donner au pays la capacité de mettre sur les marchés des produits innovants. Tout est fait pour l’avenir. Dans un climat empoisonné par les polémiques droite-gauche, par les effets néfastes de la crise, par le débat sur l’identité nationale qui a été greffé artificiellement sur un contexte d’appauvrissement du pays par la crise, l’emprunt apporte un espoir, même s’il augmente un peu plus le montant de la dette nationale. Un espoir, car au plan de relance mis en uvre au début de l’année, il fallait une suite. On dit couramment que la croissance va rester faible l’année prochaine ; et le seul moyen de relancer la machine économique française, c’est d’investir dans des industries très compétitives, celles qui se rendent indispensables chez nous et à l’étranger, celles qui sont assurées de vendre leurs produits.
Le niveau de vie a reculé.
M. Sarkozy n’a pas caché sa satisfaction de présenter à ses concitoyens une grande mesure susceptible de leur donner un meilleuir moral et, peut-être, d’apaiser les colères soulevées dans l’opposition, et parfois, dans la majorité, par d’autres dispositions comme la suppression de la taxe professionnelle, la réforme des collectivités locales et les polémiques incessantes, notamment celles qu’inspirent le débat sur l’identité nationale (très éloigné des préoccupations comme le chômage ou la baisse du pouvoir d’achat). Malheureusement, l’emprunt lui-même ne fait pas consensus, la critique dominante portant sur l’augmentation de la dette publique qu’il implique. M. Sarkozy et ses ministres ont répondu à cette critique, en établissant une différence entre les emprunts destinés à financer les dépenses de l’État et les emprunts qui relanceront la croissance. Mais c’est un jeu dangereux : on dépense l’argent bien plus vite qu’il ne produit de la croissance et le risque est grand que l’appauvrissement de l’État dépasse sa capacité à trouver de nouvelles recettes payées par des industries en meilleure santé.
CE N’ÉTAIT POURTANT PAS DIFFICILE DE SE CONCENTRER SUR L’ESSENTIEL
De sorte que, ce qui domine cette fin d’année, c’est le sentiment général que le niveau de vie a reculé en même temps que la croissance, que le nombre de personnes situées au dessous du seuil de pauvreté augmente, que la crise est en train de multiplier les cas de précarité. Les dividendes politiques de l’emprunt seront donc très faibles. D’autant que M. Sarkozy a pris le parti d’accorder plus d’importance aux effets d’annonce qu’aux résultats, bien en peine qu’il est de laisser espérer un recul prochain du chômage. L’emprunt n’est pas la panacée même s’il est utile. Il s’inscrit dans un climat de méfiance contre un président décidément trop bavard, d’inquiétude pour l’avenir immédiat et même de déception chez tous ceux qui ont observé des changements importants mais n’ont nullement l’impression d’en avoir bénéficié. Le mouvement de toute réforme est lent. Et la crise a changé les paramètres. Nous avions une baisse presque naturelle du chômage, une croissance relativement faible mais constante et le gouvernement de M. Fillon avait pratiquement bloqué les dépenses budgétaires au niveau de l’inflation. À cause de nos déficits, nous étions très mal préparés à la crise et nous nous retrouvons aujourd’hui avec une dette publique qui atteint 80 % du produit intérieur brut dans un contexte de chômage en forte hausse.
Triomphes et satisfecits.
Les Français auraient tout supporté si M. Sarkozy, menacé par une impopularité tenace, n’avait cru bon de s’occuper personnellement de la campagne des régionales, ne s’accordait de multiples satisfecits, ne triomphait souvent au dépens de ses alliés comme il l’a fait à propos de la nomination de Michel Barnier à la Commission européenne : il a annoncé la victoire des thèses financières françaises sur celles du monde anglo-saxon, ce qui a agacé, puis irrité, puis fâché tout rouge les Anglais. Quitte, ensuite, à se rabibocher avec le Premier ministre Gordon Brown dans un tour de passe-passe à la Hugo Chavez : je dis beaucoup de mal de vous, surtout pour faire plaisir au peuple, mais en réalité je n’ai rien contre vous.
C’est une politique en zigzag qui soulève beaucoup de méfiance à l’étranger, beaucoup d’ironie chez nos grands partenaires, comme Merkel et Brown, et une indifférence froissée chez Obama. Sarkozy, c’est comme le moteur à explosion : beaucoup d’énergie gaspillée, alors qu’il est très simple d’éviter les polémiques, de se concentrer sur l’essentiel, de déléguer ses pouvoirs et de ne jamais parler que de ce qui est important.
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