GÉNÉRALISTE à Rouen et président de l'URML de Haute-Normandie depuis près de dix ans, le Dr Jean-Luc Martinez, entouré de plusieurs confrères libéraux et universitaires, a été à l'origine dès 2005 du premier congrès national sur les pathologies environnementales, puis de ce premier congrès européen sur le même thème, dont il est déjà acquis qu'il fera l'objet d'une deuxième édition en 2011.
S'il est impératif pour lui d'informer les médecins sur ces questions, c'est aussi parce que leur activité quotidienne est désormais fortement marquée par les problèmes environnementaux. « Il y a trente ans, je voyais 4 bronchiolites par saison, aujourd'hui c'est 15 par semaine, et j'ai quatre fois plus de patients allergiques qu'il y a quelques années, explique-t-il. Nous avons une vraie mission à remplir face aux problèmes d'environnement, auquel nous devons donc être formés. » En outre, les médecins doivent pouvoir répondre à leurs patients, y compris face à des problèmes parfois mal formulés, comme dans le cas du téléphone mobile, où les gens ont paradoxalement beaucoup plus peur des antennes que des téléphones eux-mêmes. Dans ce domaine comme dans d'autres, « il est de notre devoir de prendre en compte les craintes du public et de lui donner un état des connaissances », souligne le Pr Yvan Touitou (Paris).
Un enseignement.
Par ailleurs, poursuit le Dr Martinez, le médecin formé et informé « doit retrouver son rôle de caution morale face au public comme face au monde politique ». Un rôle qu'il avait d'ailleurs autrefois, complète le Pr Philippe Hartemann (Nancy), à l'époque ou la chaire d'hygiène, dans les facultés, abordait toutes les relations entre l'homme et son milieu.., avant que le terme ne soit totalement dégradé pour ne plus évoquer que l'usage des serpillières. Il est grand temps, selon lui, de réapprendre aux médecins une pratique associant la connaissance de l'environnement et de ses effets. En France, cet enseignement reste encore marginal, mais quelques universités développent depuis peu des formations plus poussées dans ce domaine. La faculté de Médecine de Strasbourg propose depuis cette année un module complémentaire « Santé et environnement » pour les étudiants de 2 e et 3 e année, qui compte déjà 40 inscrits. Elle organise en outre un DU sur ces questions, pour les médecins déjà thésés, mais qui se heurte encore à un nombre trop faible d’inscrits.
En Europe, quelques pays, dont l'Allemagne, proposent déjà de vraies spécialisations en médecine de l'environnement, formation qui peut être acquise aussi aux Pays-Bas à l'issue d'une spécialisation en santé publique. Comme le rappelle le Pr Hartemann, « après avoir promu autrefois l'hygiène, puis totalement négligé ces sujets pendant des décennies, la France a tout réappris de l'Europe dans ce domaine » ; cela peut expliquer aussi, selon plusieurs orateurs, que les médecins attendent justement de l'Europe qu'elle s'engage encore plus activement dans le domaine de l'étude et de la lutte contre les pathologies liées à l'environnement.
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