Dans l’espoir d’atteindre l’objectif mondial d’élimination du cancer du col de l'utérus à l'horizon 2030, le comité d’experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la vaccination, le Strategic Advisory Group of Experts (SAGE), fait évoluer ses recommandations en matière de vaccination contre le HPV. Si un schéma à deux doses était jusqu’ici recommandé pour les jeunes filles, une seule dose serait efficace, a estimé le SAGE dans un communiqué du 11 avril.
Alors que des inquiétudes ont été exprimées sur la faible couverture vaccinale mondiale et le recul de la vaccination pendant la pandémie, « ces recommandations permettront à plus de filles et de femmes d'être vaccinées et ainsi éviter qu'elles ne développent le cancer du col de l'utérus et toutes ses conséquences au cours de leur vie », a plaidé le Dr Alejandro Cravioto, président du SAGE, lors d’un point presse.
La stratégie actuelle prévoyait un calendrier à deux doses chez les filles de 9 à 14 ans, trois doses pour les filles de 15 ans et plus et trois doses pour les populations immunodéprimées de tout âge (9 ans et plus), y compris les personnes vivant avec le VIH.
De « nouvelles preuves d’efficacité »
Désormais, sur la base de « nouvelles preuves d’efficacité », les experts recommandent d'introduire « de toute urgence » le vaccin contre le HPV pour les filles de 9 à 14 ans selon un calendrier à une ou deux doses. Cette option à dose unique hors autorisation de mise sur le marché (AMM) « offre des niveaux comparables et élevés de protection individuelle tout en étant plus efficace du point de vue de la santé publique (moins de doses par cas de cancer évité), nécessite beaucoup moins de ressources et est plus facile à mettre en œuvre qu'un calendrier à deux doses », est-il souligné.
Dans la même logique, le rattrapage pour les jeunes femmes âgées de 15 à 20 ans peut également bénéficier d’un schéma à une ou deux doses. En revanche, la recommandation reste de deux doses à six mois d'intervalle pour les femmes de plus de 21 ans. « Les garçons et les hommes plus âgés peuvent suivre le même schéma posologique que les femmes », est-il indiqué.
Pour les personnes immunodéprimées, les preuves ne sont pas encore réunies pour une évolution des recommandations. Les experts estiment ainsi que « les personnes de cette population âgées de 9 ans et plus devraient être prioritaires et recevoir au moins deux doses, bien que trois doses soient considérées comme optimales si elles sont réalisables sur le plan programmatique ».
Seulement 13 % de schéma complet en 2020 dans le monde
« Cette recommandation d'une dose unique a le potentiel de nous faire progresser plus rapidement vers notre objectif d'avoir 90 % des filles vaccinées à l'âge de 15 ans d'ici à 2030 », a jugé la Dr Princess Nothemba Simelela, sous-directrice générale de l'OMS, alors que la couverture vaccinale mondiale avec un schéma vaccinal à deux doses ne dépassait pas 13 % en 2020.
Plusieurs facteurs sont avancés par les experts de l’OMS pour expliquer la lenteur du déploiement mondial de cette vaccination : les difficultés d'approvisionnement, les coûts relativement élevés du vaccin, ou encore les difficultés d’accéder aux adolescentes qui ne font généralement plus partie des programmes de vaccination des enfants.
Dans ce contexte, « l'option d'une dose unique du vaccin est moins coûteuse, moins gourmande en ressources et plus facile à administrer. Elle facilite la mise en œuvre de campagnes de rattrapage pour plusieurs groupes d'âge, réduit les défis liés à la recherche des filles pour leur deuxième dose et permet de rediriger les ressources financières et humaines vers d'autres priorités de santé », insiste la Dr Simelela.
En France, la vaccination contre le HPV est recommandée chez toutes les filles et tous les garçons de 11 à 14 ans révolus (schéma vaccinal à deux doses à six mois d’intervalle), mais aussi en rattrapage chez tous les adolescents et jeunes adultes (hommes et femmes) de 15 à 19 ans révolus (schéma à trois doses à M0, M2, M6) et chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) jusqu'à l'âge de 26 ans. Pour les personnes immunodéprimées, un schéma à trois doses est également préconisé.
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