LE QUOTIDIEN – Votre congrès annuel s’ouvre demain dans le Doubs, qu’en attendez-vous ?
VANIK BERBERIAN – Le thème de notre congrès, c’est l’avenir des communes rurales dans la perspective de la réforme des collectivités territoriales. Avec en filigrane l’inquiétude des élus relative à la dissolution de l’échelon communal dans un échelon administratif plus vaste, ainsi que la disparition à terme des départements. Cela veut dire que tout un pan de l’action de proximité va se trouver menacé, ce qui implique des risques en matière de santé : les constats ont été faits depuis longtemps, et on risque de changer toutes les règles du jeu au moment où il y aurait urgence à agir en structurant l’offre de soins, en améliorant les conditions d’exercice. À ce sujet, il serait au moins souhaitable que dans la formation des médecins, la dimension d’exercice de la médecine générale, notamment en milieu rural, devienne une discipline à part entière. Cela fait partie des priorités que nous, élus ruraux, réclamons à la ministre de la Santé.
Le ministre de l’Espace rural, Michel Mercier, lance des « Assises de la ruralité ». En espérez-vous quelque chose en matière d’accès aux soins ?
Je ne sais pas. Un exemple : quand nous avons rencontré la ministre de la Santé, voici environ un an, elle nous avait dit que les maires ruraux seraient associés à la gouvernance des futures ARS [agences régionales de santé]. Un an après, nous n’avons toujours pas été sollicités, les élus ruraux ne figurent nulle part dans ces agences. Cela pour vous dire que nous sommes dans un système qui oublie facilement la dimension locale. Je ne veux pas faire de procès d’intention à Michel Mercier, mais encore faut-il qu’il ait les moyens de sa volonté. Reste que ces assises seront, pour la énième fois, l’occasion de faire un constat, puis de demander des actions concrètes en matière d’aménagement du territoire. Des actions qui concerneront l’ensemble des services au public, et donc évidemment l’accès aux soins.
La région Bourgogne tire la sonnette d’alarme et assure que plus d’un tiers de ses habitants n’aura plus accès à un médecin à l’horizon 2016. Cela vous inquiète ?
Cela ne concerne pas seulement les médecins, mais l’ensemble des professionnels de santé, qui connaissent dans ces territoires et dans d’autres des conditions d’exercice particulièrement difficiles. Ils passent leur temps sur les routes, sont condamnés à l’abattage faute de moyens, tout ça se fait au détriment de la santé publique. Pour ma part, j’ai toujours privilégié la manière douce et l’incitation, mais je me rends compte qu’on risque d’attendre longtemps, et je ne serais pas opposé à la mise en place de mesures un peu coercitives. Si les mesures incitatives sont inefficaces, il faudra sans doute passer à des mesures plus contraignantes.
Il y a le contrat santé solidarité (« le Quotidien » du 22 octobre), qui pourrait être mis en place dans trois ans…
Je pense que c’est une initiative qui va dans le bon sens mais qu’il faut considérer comme une mesure d’urgence et transitoire. Il vaut mieux t
ravailler sur l’attractivité des territoires, pour que les médecins y viennent de façon volontaire plutôt que contrainte. Si les médecins arrivent à reculons pour exercer leur mission, ce n’est pas bon.
Les pôles ou maisons de santé peuvent-ils être un élément d’attractivité d’un territoire ?
Cela semble prometteur. Les médecins ne veulent plus travailler comme des forçats, ni être seuls à exercer. Le fait d’exercer en équipe induit une autre approche de l’activité. On a très longtemps raisonné de manière cloisonnée, par nature d’activité ou de service. Aujourd’hui il faut faciliter les choses et les mettre en synergie. Cette évolution doit être accompagnée, l’État doit aider au financement de ces installations, les professionnels de santé doivent y trouver leur compte.
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