Alors que des cas de Monkeypox sont signalés dans plusieurs pays du Nord, dont trois confirmés en France, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande la mise en œuvre d'une stratégie vaccinale réactive, c'est-à-dire autour d'un cas confirmé. Il s'agit des « adultes dont le contact avec une personne infectée est considéré comme à risque, y compris les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle », est-il indiqué dans un communiqué. Cette vaccination doit être effectuée « uniquement avec le vaccin de troisième génération », précise la HAS.
Cet avis fait suite à une saisine en urgence de la Direction générale de la santé (DGS). Compte tenu des délais d'incubation de la maladie (souvent comprise entre 6 et 16 jours) et de la stratégie adoptée dans d'autres pays européens, la HAS considère « qu'une stratégie de vaccination réactive paraît pertinente ».
La maladie, cousine moins dangereuse de la variole éradiquée depuis une quarantaine d'années, commence par une forte fièvre et évolue rapidement en éruption cutanée sur certaines zones ou tout le corps, avec la formation de croûtes. La plupart des personnes infectées guérissent spontanément dans les deux à quatre semaines, sans traitement spécifique.
Deux doses espacées de 28 jours
Il est ainsi recommandé de vacciner en post-exposition avec le vaccin de troisième génération (au vu de son efficacité et de son meilleur profil de tolérance que celui des vaccins de première et deuxième générations), « administré idéalement dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard avec un schéma à deux doses (ou trois doses chez les sujets immunodéprimés), espacées de 28 jours ». Seul le vaccin Imvanex de la firme Bavarian Nordic a une autorisation de mise sur le marché (AMM) européen.
Cette stratégie devra être mise en place dès l'identification d'un cas d'infection à la suite d'une investigation de l'agence régionale de santé et de la cellule régionale de Santé publique France.
Deux vaccins aux États-Unis
Outre-Atlantique, les États-Unis adoptent une position similaire ce 23 mai, au moment où le pays compte aujourd'hui un cas confirmé et quatre très probables. Tous sont des hommes ayant voyagé hors des États-Unis.
« Nous souhaitons maximiser la distribution de vaccins à ceux dont nous savons qu'ils en bénéficieraient, a déclaré, lors d'une conférence de presse, Jennifer McQuiston, responsable au sein des centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC). C'est-à-dire ceux ayant été en contact avec un patient connu de la variole du singe, comme les soignants, les contacts personnels très proches, particulièrement ceux à risque de développer un cas grave de la maladie. »
Aux États-Unis, deux vaccins contre la variole classique autorisés par l'Agence américaine des médicaments (FDA) peuvent être utilisés. Le premier, ACAM2000 (Sanofi puis Emergent BioSolutions), est un vaccin vivant atténué, déconseillé aux personnes immunodéprimées. Mais, si les États-Unis en possèdent 100 millions de doses, une distribution à large échelle nécessiterait « une vraie discussion », en raison d'effets secondaires « potentiellement significatifs », a estimé Jennifer McQuiston. Le second, celui recommandé en France de Bavarian Nordic (commercialisé sous le nom de Jynneos), est aussi un vaccin vivant mais non réplicatif, et donc considéré comme plus sûr. Les États-Unis n'en ont que 1 000 doses, mais ce nombre devrait « augmenter rapidement dans les prochaines semaines », selon la responsable.
Place des antiviraux dans une stratégie plus globale
Alors que la vaccination des contacts vise à éviter le développement de la maladie, le risque de contamination reste globalement faible pour la population. La HAS indique qu'il s'agit de recommandation préliminaire dans l'attente de nouvelles données sur le mode de transmission interhumaine, de suivi de l'épidémie, sur l'efficacité et la tolérance du vaccin antivariolique de troisième génération mais aussi sur l'efficacité et la tolérance d'une dose de rappel chez les personnes vaccinées contre la variole dans leur enfance.
Cet avis de la Haute Autorité s'inscrit dans une stratégie de prise en charge plus globale, incluant notamment la mise à disposition de traitements antiviraux non évalués par la HAS, mais disposant d'une AMM dans l'indication Monkeypox, « en particulier pour les enfants éligibles, pour lesquels le vaccin de troisième génération ne bénéficie pas d'AMM aujourd'hui ». Les CDC indiquent travailler à des directives de traitement pour permettre le déploiement d'antiviraux, en particulier le tecovirimat déjà autorisé en Europe et aux États-Unis pour le traitement de la variole.
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