En France, tous les deux jours, un homicide est commis au sein du couple, selon le ministère de l’Intérieur. Sans même parler de meurtre, les agressions contre les femmes « s’observent dans toutes les catégories sociales, sont le plus souvent cachées pendant de très longues années. Leur gravité et leur retentissement dévastateur sur la santé physique et psychique des femmes sont nettement sous-estimés, la grossesse est une période critique, les enfants témoins directs ou indirects des violences sont marqués à vie, les agresseurs sont mal pris en charge ». Le constat vient du Pr Roger Henrion, gynécologue obstétricien et académicien, organisateur du colloque sur les violences faites aux femmes qui s’est tenu lundi et mardi à l’Académie nationale de médecine, sur le thème « soins aux victimes, prises en charge des auteurs ».
Le Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste à Romainville (Seine-Saint-Denis) a précisé : « Le coût humain est majeur, et le coût financier des violences conjugales est d’environ 2,5 milliards d’euros par an. Il y a 5 fois plus de pathologies psychiatriques chez les femmes victimes de violences et 28 fois plus d’arrêts de travail. »
Les médecins premiers interlocuteurs
De son aveu même, le Pr Henrion a parfois échoué à déceler « la véritable raison » de certaines grossesses perturbées ou de dépressions dans les suites de couches.
Pourtant, « les médecins sont souvent les premiers interlocuteurs des femmes », poursuit-il. Mais derrière un rôle qui semble simple (« écouter, dépister les violences, évaluer leur gravité, constituer un dossier, assurer les soins, orienter la patiente… ») le Pr Henrion reconnaît qu’il faut aux professionnels de santé et en particulier aux généralistes une « bonne connaissance de la question ».
Les obstacles sont nombreux, selon l’académicien qui cite : réticences à s’immiscer dans une vie de couple, délicatesse du statut de médecin de famille, ambivalence des femmes, fréquence des retraits de plainte, menaces de la part du conjoint et, surtout, manque de temps, absence de formation au cours des études et craintes de retombées judiciaires. Et d’appeler à une prise en charge pluridisciplinaire face à ces violences.
Auteurs et victimes
Parallèlement aux soins à apporter aux victimes, les débats ont porté sur la considération des auteurs de violences. « Prendre en charge l’auteur des violences, c’est être dans un esprit de prévention et d’accompagnement des victimes », a expliqué le psychiatre Roland Coutanceau, du centre médico-psychologique de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine).
Comment ? Des entretiens individuels ou des groupes de parole devraient compléter les sanctions judiciaires dans le but de « responsabiliser » les auteurs de violences, souvent dans le déni.
Le projet de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes, qui devrait être discuté au Sénat le 16 septembre, intègre un volet sur la protection des femmes contre les violences, avec, par exemple, la possibilité pour la justice d’imposer à leurs agresseurs de suivre à leurs frais des « stages » de responsabilisation, a rappelé Najat Vallaud-Belkacem. La ministre des droits des femmes a en outre annoncé la présentation d’un nouveau plan triennal de lutte contre les violences faites aux femmes en novembre.
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