Dossier pharmaceutique

14 000 officines raccordées à ce jour

Publié le 03/05/2010
Article réservé aux abonnés

Mis en œuvre sous la houlette du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), le dossier pharmaceutique (DP) entre dans sa période de maturité avec 14 000 officines raccordées (sur les 22 353 que compte l’hexagone), soit taux national de 60 %. 7,2 millions de dossiers ont déjà été créés, dont 2,5 millions pour des patients âgés de plus de 60 ans.

Ces chiffres cachent d’importantes disparités territoriales; paradoxalement, les pharmacies raccordées au système se trouvent majoritairement en zones rurales. Quatre départements français ont un taux de pharmacies raccordées au DP supérieur à 80 % : les Ardennes, la Haute-Marne, la Nièvre et le Jura. À l’inverse, 6 départements ont un taux inférieur à 50 % : Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne, les Pyrénées-Orientales, le Gard et les Bouches-du-Rhône.

Pour Bernard Flirden, pilote du dossier pharmaceutique au CNOP, cette situation n’est guère étonnante, les pharmacies rurales tissant parfois un lien plus étroit avec leurs patients que les pharmacies urbaines, dont la clientèle s’avère plus nomade. De plus, les pharmacies urbaines, soumises à plus rude concurrence, rechignent parfois à proposer aux clients de passage d’ouvrir un DP, craignant que cela ne les fasse fuir. Car si le DP est avant tout un outil mis à la disposition des patients afin de repérer et prévenir les risques iatrogènes, ceux-ci suspectent parfois une tentative de contrôle bureaucratique de leur consommation de médicaments.

Le chiffre de 60 % de pharmacies raccordées au DP peut paraître peu élevé au regard des enjeux. D’autant que sa mise en œuvre est très simple pour un officinal. « 99 % des logiciels pharmaceutiques sont déjà compatibles avec le DP », affirme Bernard Flirden. La seule contrainte étant de disposer d’une connexion ADSL au comptoir. De plus, depuis juillet 2009, être raccordé au DP et en ouvrir aux nouveaux patients est devenu une obligation légale pour les officinaux. « L’Ordre privilégie l’incitation, poursuit Bernard Flirden, mais en cas de contrôle, un pharmacien pourrait être pénalisé pour absence de raccordement au DP, comme il peut déjà l’être s’il ne dispose pas de frigidaire ou de balance ». Le CNOP s’est fixé comme objectif un minimum de 20 000 officines raccordées d’ici la fin de l’année 2010, avec 10 millions de dossiers ouverts. « En 2011, espère Bernard Flirden, il faudra que toutes les officines soient raccordées ».

Même si tous les Français sont appelés à tà disposer d’un dossier pharmaceutique, ce sont les patients âgés et polymédiqués qui constituent le cœur de cible de ce dispositif, principalement destiné à prévenir les risques iatrogènes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le CNOP demande que figurent dans ces dossiers les médicaments vendus sur prescription comme ceux à prescription facultative. « Un simple cachet d’aspirine peut avoir de sérieuses conséquences pour un patient qui souffre d’un ulcère à l’estomac, ou qui prend déjà des fluidifiants sanguins », rappelle Bernard Flirden.

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8763