Une tumeur supérieure à 5 cm est un facteur de risque de décès précoce par récidive
L A récidive après résection d'un carcinome hépatocellulaire est fréquente et représente une cause majeure de décès. Certains malades décèdent moins d'un an après l'intervention par récidive ; peu de données étaient à ce jour disponibles concernant ces malades. Le Dr Jean-Marc Régimbeau et collaborateurs ont mené une étude visant à définir les facteurs de risque permettant d'identifier une population à risque accrue de décès précoce par récidive.
Une mortalité peropératoire réduite
« Il n'existe aucune étude de ce type dans la littérature. Auparavant,la chirurgie du carcinome hépatocellulaire se heurtait au problème de la mortalité opératoire. Les progrès techniques de la chirurgie hépatique, mais surtout l'identification de facteurs de risque de mortalité opératoire ont réduit celle-ci : elle est actuellement de l'ordre de 5 %. Se pose donc maintenant le problème des récidives et de la mortalité par récidive qui est de l'ordre de 30 % (35 % de décès dus aux hémorragies digestives hautes et 25 % de décès par insuffisance hépatocellulaire). »
Parmi 591 malades ayant eu une résection d'un carcinome hépatocellulaire de 1980 à 1999 dans trois centres (Etats-Unis, Japon, France), 473 malades suivis plus d'un an et pour lesquels la cause du décès était connue ont été sélectionnés. Deux groupes ont été définis : le premier incluant 47 malades (8 %) décédés par récidive dans un délai d'un an après résection hépatique, le second composé des 473 malades vivants après un an de suivi, quel que soit leur statut (suivi moyen de 55 ± 32 mois).
« Après analyse multivariée, une tumeur supérieure à 5 cm (p < 0,02 ; odds ratio 3), plus d'une tumeur (p < 0,01 ; odds ratio 3,3), la présence de plus de cinq mitoses par champ lors de l'étude de la tumeur (p < 0,03 ; odds ratio 2,9), et la présence d'une hépatite aiguë (degré d'activité >5 (1) ) (p < 0,04 ; odds ratio 3,2) sont associés à un risque accru de mortalité précoce par récidive », affirme le Dr Jean-Marc Régimbeau.
Le degré de nécrose tumorale n'est pas un facteur de risque
Alors que l'origine, l'âge, le sexe, le score de Child préopératoire, la cause de l'hépatopathie (virus B ou C), l'élévation de l'alphaftoprotéine sanguine, le caractère uni ou bilatéral des tumeurs, la présence d'une thrombose portale, la nature de la résection hépatique, la présence et le degré de fibrose du foie non tumoral, la présence de microemboles vasculaires, le degré de nécrose tumorale, la présence et le caractère partiel ou envahi d'une capsule péritumorale, la présence d'atypies cytonucléaires, le type histologique de la tumeur ainsi que le degré de différenciation ne sont pas associés à une élévation du risque de décès précoce après résection d'un carcinome hépatocellulaire.
Chez les patients identifiés à risque accru de décès précoce par récidive, un traitement adjuvant doit être proposé. « Les critères retrouvés dans cette étude ne sont pas suffisamment discriminants (nombre et taille de la tumeur) pour proposer d'emblée (c'est-à-dire avant résection) un traitement néoadjuvant aux patients concernés, explique le spécialiste. Les traitements adjuvants du carcinome hépatocellulaire sont décevants tant la chimiothérapie que l'hormonothérapie qui ??? n'a pas démontré son efficacité. Des protocoles d'études sont en cours concernant la vitamine D et l'Octréotide retard. »
L'intérêt de l'immunothérapie adjuvante
Une étude très intéressante a été publiée par l'équipe japonaise du Pr Makuuchi (Takayama, « The Lancet » 2000 ; 356) concernant l'immunothérapie adjuvante (lymphocytes T activés) chez des patients ayant bénéficié d'une résection d'un carcinome hépatocellulaire avec des résultats prometteurs en termes de survie sans récidive. Notre étude pourrait permettre de sélectionner un sous-groupe de patients candidats à un traitement adjuvant. »
D'après un entretien avec le Dr Jean-Marc Régimbeau, hôpital Beaujon, Paris.
(1) Ishak « J. Hepatol. » 1995 ; 22 : 696.
L'épidémiologie
du carcinome
hépatocellulaire
en France
Il existe d'importantes variations géographiques de l'incidence du carcinome hépatocellulaire. Elle est de 10 à 50 pour 1 million de personnes dans les pays occidentaux. En France, cette incidence augmente, en raison principalement de l'incidence parallèle de l'hépatite C : de 3,2 à 11,1 pour 100 000, respectivement en 1979 et en 1994. Le pourcentage de récidives après résection à visée curative dépend de la présence d'une maladie chronique du foie sous-jacente : dans notre expérience (plus de 300 patients opérés entre 1990 et 1999 à l'hôpital Beaujon), il est d'environ 50 à 60 % à cinq ans lorsqu'il existe une cirrhose et de 30 % lorsque le foie non tumoral est sain.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature