Cancer de l'estomac : pourrait mieux faire !
L A fréquence du cancer de l'estomac est en constante diminution dans les pays développés depuis 1950, même si cette décroissance se ralentit depuis 10 ans. Une des explications est la diffusion du réfrigérateur, qui permet de conserver les produits frais et d'éviter le salage (facteur de gastrite chronique, le lit du cancer) ou le fumage (qui entraîne la formation d'hydrocarbures polycycliques cancérigènes).
Le deuxième cancer digestif
Le cancer gastrique reste cependant le deuxième cancer digestif en France, avec une incidence annuelle de 7 300 cas environ. Un peu moins de la moitié des patients sont opérés à visée curative, avec un taux de survie à 5 ans qui n'excède pas 30 % dans ce cas. Globalement, moins de 15 % des patients atteints de cancer gastrique survivent 5 ans. Le pronostic est bien plus mauvais que celui du cancer colorectal bien que le cancer gastrique localisé à la paroi ait un bon pronostic (75 % de survie à 5 ans, comme le cancer colique localisé).
Malheureusement, si la moitié des cancers colorectaux sont localisés lors du diagnostic, seul un cancer gastrique sur six est découvert à ce stade.
En outre, son dépistage est illusoire en France, car il n'existe pas une lésion précancéreuse bien identifiée ; la gastrite chronique est trop fréquente pour justifier une surveillance par endoscopie.
L'échec de la chimiothérapie adjuvante
Depuis 10 ans, le pronostic du cancer gastrique s'est amélioré car la mortalité opératoire a été divisée par deux. Cependant, l'efficacité des traitements n'est pas meilleure qu'il y a 20 ans : la chimiothérapie adjuvante actuelle n'est pas efficace et peut être toxique, comme l'a récemment confirmé un essai randomisé de la Fondation française de cancérologie digestive (FFCD 8801). On a cru que la réalisation de curages ganglionnaires plus étendus améliorait le pronostic, mais cela a été clairement démenti par deux grandes études randomisées. Récemment, l'efficacité de la radiochimiothérapie postopératoire a été fortement suggérée par les résultats d'un essai randomisé aux Etats-Unis, mais cela demande confirmation.
Les principaux facteurs pronostiques dans le cancer gastrique restent l'extension dans la paroi, le nombre de ganglions envahis et l'aspect bourgeonnant ou infiltrant de la tumeur.
Les cancers du cardia ou du tiers supérieur de l'estomac sont plus graves que les cancers distaux, car leur diffusion dans les ganglions est plus rapide.
L'étude de la FFCD
Le pronostic est moins bon chez les personnes les plus âgées, en raison des pathologies associées. Enfin, il semble que l'expérience des centres chirurgicaux joue un rôle, comme le suggère l'étude de la FFCD.
Bien des choses restent à faire pour améliorer le pronostic du cancer de l'estomac et réduire encore sa fréquence : éradiquer l'infection par Helicobacter, faire le diagnostic à un stade plus précoce, trouver le meilleur compromis chirurgical entre lourdeur et efficacité et découvrir enfin un traitement adjuvant efficace.
D'après un entretien avec le Dr Laurent Bedenne, Dijon.
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