Une enquête multicentrique nationale sur le traitement de l'infection à Helicobacter pylori
O N sait actuellement qu' Helicobacter pylori est responsable de la majeure partie des ulcères gastro-duodénaux et que son éradication en permet la guérison. Helicobacter pylori joue également un rôle dans la pathogénie du cancer de l'estomac, avec une augmentation du risque relatif d'environ 8 par rapport aux patients non infectés. En outre, cette bactérie joue un rôle majeur dans la pathogénie du lymphome gastrique du Malt qui répond à l'éradication de l'infection à Helicobacter pylori. La conférence de consensus de 1995 recommandait un traitement d'éradication associant un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) à double dose et un traitement antibiotique pendant sept jours (amoxicilline à la dose d'1 g x 2 fois/j et clarithromycine à la dose de 500 mg x 2 fois/j), dont les principales indications sont les ulcères gastro-duodénaux et les lymphomes gastriques. Si les résultats internationaux de cette trithérapie faisaient état de plus de 90 % d'éradication de l'infection à Helicobacter pylori, des études menées en France ont montré un taux d'éradication plus bas, aux alentours de 80 %. Comme l'explique le Pr Jean-Charles Delchier, président du GFEH (Groupe français d'étude de l'Helicobacter pylori), « il nous a paru intéressant de tester les habitudes des prescripteurs français, à la suite de la conférence de consensus, dans le cadre d'une étude nationale multicentrique. Les différents objectifs visaient notamment à montrer quel était réellement en pratique courante le taux de succès de l'éradication et à déterminer les paramètres susceptibles d'être des facteurs d'échec d'éradication».
1 200 patients recrutés
Un grand nombre de patients (1 200) ont été recrutés pour cette étude menée de mai 1999 à mai 2000 dans une centaine de centres français, dont les prescripteurs étaient des gastro-entérologues. « Nos résultats ont permis de confirmer le taux assez élevé d'échec d'éradication d'Helicobacter pylori (29 %), commente le Pr J.-C. Delchier. Ils ont également montré que les gastro-entérologues, dans leur majorité (plus de 95 %), prescrivent une trithérapie conforme aux recommandations de la conférence deconsensus, même si les indications du traitement sont étendues dans un tiers des cas aux dyspepsies non ulcéreuses dont le traitement n'avait pas été recommandé par la conférence de consensus. En outre, nos résultats n'ont pas permis de confirmer la notion d'une moins bonne réponse au traitement dans le cadre des dyspepsies non ulcéreuses au traitement. L'observance s'est révélée très bonne et les effets secondaires observés dans 23 % des cas n'ont entraîné un arrêt du traitement que dans 1 % des cas. »
Des facteurs prédictifs d'échec
Un certain nombre de facteurs prédictifs d'échec ont été mis en évidence, avec notamment l'origine géographique du lieu de naissance des patients (hors de France, en particulier hors de l'Europe), qui répondent moins bien au traitement, le tabac, l'âge, avec un bon taux de réponse (environ 80 %) après 50 ans et un taux plus faible de succès (60 %) au-dessous de 50 ans. « Si ces facteurs ont une influence sur le taux d'éradication, explique le Pr J-C Delchier, cette influence reste néanmoins mineure. Le facteur majeur d'échec, quantitativement plus important, est probablement la sensibilité de la bactérie à l'antibiotique. D'où l'importance de vérifier l'efficacité du traitement par un test de recherche indirecte de la présence d'Helicobacter pylori (test respiratoire) ou par un test de recherche d'antigène dans les selles et de proposer des thérapeutiques de deuxième ligne en cas d'échec du traitement. »
D'après un entretien avec le Pr Jean-Charles Delchier, CHU Henri-Mondor, Créteil.
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