L ES omnipraticiens français, dans leur très grande majorité, n'ont pas de qualification complémentaire déclarée : c'est ce qui ressort d'une étude (1) sur « les médecins omnipraticiens au 1er janvier 2000 » menée par la Direction de la recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques (DREES), organisme qui dépend du ministère de l'Emploi et de la Solidarité.
Serge Darriné et Xavier Niel, les auteurs de de cette analyse, notent que, sur les 95 000 omnipraticiens exerçant en France soit en cabinet privé, soit à l'hôpital ou dans des centres de prévention, ou dans des structures publiques de l'administration, 78 200, soit près de 83 %, n'ont aucune qualification complémentaire déclarée. Les autres, soit un peu plus de 16 500, possèdent par ailleurs un autre diplôme, ou ont obtenu de l'Ordre des médecins la reconnaissance d'une compétence dans diverses spécialités, sans pour autant être comptés comme spécialistes à part entière. « Ces capacités et compétences, note l'étude, confèrent aux médecins omnipraticiens la possibilité d'avoir une orientation, sans que l'on puisse forcément présumer de leur pratique réelle. » A noter que parmi les 78 200 médecins sans compétence particulière, l'étude inclut les 5 200 homéopathes et acupuncteurs, reconnus comme MEP, médecins à exercice particulier. Si l'on retire ces médecins de l'échantillon des généralistes sans compétence supplémentaire, ceux-ci représentent 77 % des 95 000 omnipraticiens, soit environ 73 000 médecins.
Le « cur de la médecine générale »
Par leur importance numérique, note l'étude, ces praticiens constituent donc le « cur de la médecine générale », et la plupart d'entre eux, 72 %, exercent en cabinet libéral. Les autres se répartissent entre les établissements d'hospitalisation, et les autres secteurs (prévention, contrôle, administration.
« Reflétant par ailleurs la concentration de la population dans les grandes agglomérations, les généralistes sans orientation complémentaire, note la DREES, exercent pour la plupart dans les villes de 200 000 habitants ou plus. »
Cependant, si l'on considère l'étude région par région (voir tableau), on s'aperçoit, mais sans doute est-ce une exception, que c'est la Corse qui compte, proportionnellement, le plus de généralistes sans compétences supplémentaire, ni mode d'exercice particulier. 86,7 % d'entre eux sont en effet, dans cette situation.
A l'inverse, c'est l'Auvergne qui a le plus de généralistes à exercice particulier, et d'omnipraticiens avec une compétence reconnue.
Autre constat intéressant de l'étude : dans l'ensemble des généralistes bénéficiant d'une orientation complémentaire, 8 600 (sur un total légèrement supérieur à 16 500) ont des compétences, reconnues par l'Ordre, proches de la médecine générale. Il s'agit de la médecine du sport pour plus des deux tiers des omnipraticiens concernés, de la gérontologie pour 11 % et, pour 5 %, de la médecine d'urgence.
D'autre médecins ont en revanche des orientations complémentaires plus éloignées de la médecine générale. Près de 2 700 ont une compétence reconnue en angéiologie, en allergologie, ou en diabétologie nutritionnelle. A noter que, dans ce groupe, 250 médecins environ ont une compétence en médecine légale. Ils sont plus nombreux dans le milieu urbain que dans les zones rurales.
L'importance de la médecine du travail
Troisième groupe : les omnipraticiens, un peu moins de 5 000, qui disposent de compétences reconnues par l'Ordre dans des spécialités médicales. « Ce régime est pour l'essentiel, note l'étude lié aux règle antérieures de la réforme des études médicales de 1982 ; les médecins généralistes, pouvant, dès lors qu'ils détenaient un certificat d'études spécialisé, se voir reconnaître une qualification complémentaire ». Ces praticiens ont surtout une compétence reconnue en médecine du travail (51 %). Viennent ensuite la chirurgie (7 %) et la pédiatrie (4 %). L'importance de la médecine de travail se traduit pas une féminisation importante de ce groupe et une part élevée de médecins salariés qui exercent à l'hôpital, dans des entreprises, dans l'administration et en milieu scolaire. Ils sont plus présents dans les grandes agglomérations que dans les commune rurales ou les petites villes.
Une spécialisation de médecine de travail ayant été créée en 1991, il sera plus difficile dans l'avenir, pour les omnipraticiens, d'acquérir une qualification dans ce domaine, note l'étude.
(1) Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques. Etude n° 99. Janvier 2001. Les médecins omnipraticiens au 1er janvier 2000. Disponible sur Internet : http://www.sante.gouv.fr/drees
MEP et généralistes à compéténce supplémentaire par région
.
Omnipraticiens/dont sansSans orientation/
Ensembleorientation ni modeEnsemble
des médecinsd'exercicedes médecins
(en %)particuliers(en %)
.
Nord - Pas-de-Calais56,278,744,3
Picardie55,479,043,8
Poitou-Charentes54,675,241,1
Champagne-Ardenne54,478,842,9
Auvergne54,171,938,9
Limousin52,876,140,2
Bourgogne52,773,738,8
Corse52,686,745,7
Pays de la Loire52,673,138,5
Franche-Comté52,280,442,0
Basse-Normandie51,375,438,7
Bretagne50,173,837,0
Haute-Normandie50,074,037,0
Centre49,977,938,9
Lorraine49,778,338,9
Languedoc-Roussillon49,377,438,1
Midi-Pyrénées48,174,936,0
Rhône-Alpes48,073,935,4
Aquitaine47,178,036,8
Alsace47,172,033,9
PACA46,178,436,1
Ile-de-France44,780,235,9
France métropolitaine48,877,137,6
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Lecture : 56,2 % des médecins du Nord - Pas-de-Calais sont omnipraticiens. Parmi ceux-ci, 78,7 % n'ont ni mode d'exercice particulier, ni orientation complémentaire. Ces derniers ne représentent dont ????? plus que 44,3 % des médecins de cette région.
Source : DREES. |
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