L’accessibilité aux cabinets médicaux reste une des principales causes des difficultés d’accès aux soins des personnes handicapées. Le rapport Jacob, remis en juin à Marie-Arlette Carlotti, ministre à la lutte contre l’exclusion, et à sa ministre de tutelle, Marisol Touraine, le déplore une nouvelle fois, à moins de deux ans de l’échéance de 2015 censée sanctionner une accessibilité totale des lieux accueillant du public. Ce constat de retard a déjà été posé par Marie-Arlette Carlotti dès son arrivée avenue de Ségur et devrait appeler des réponses prochaines des pouvoirs publics, probablement à l’occasion du prochain Comité interministériel au handicap qui devrait avoir lieu en septembre.
Partant de là, loin de poursuivre des objectifs inatteignables, le rapport établi par Pascal Jacob propose plutôt des aménagements pragmatiques et provisoires pour tendre, sinon au 100% accessible tout de suite des locaux, jugé "illusoire", du moins à un réel accès aux soins de ville. A cette fin, il suggère en particulier de lancer une enquête d’autoévaluation dans tous les cabinets. Le rapport suggère une démarche "fortement incitative" pour les professionnels : "par exemple, la déclaration pourrait permettre aux professionnels de santé de diminuer fortement pendant 2 ans le montant de l’amende prévue par la loi en cas de non-conformité en 2015". Concrètement, ce questionnaire, déjà testé sur le terrain par des associations, viserait à renseigner des bases de données et annuaires pour personnes handicapées sur les questions ayant trait à l’accueil des personnes en fauteuil, des patients de petites ou de grandes tailles, ainsi que des sourds, malentendants, aveugles et malvoyants, sans oublier les handicapés mentaux.
Visites à domicile et équipes mobiles
Selon le rapport, réalisé après consultation de handicapés et associations, il s’agirait de sensibiliser les blouses blanches à l’aménagement de leur cabinet, mais aussi d’organiser leur participation éventuelle à des solutions "alternatives provisoires". Car le rapport préconise qu’à défaut d’accessibilité des cabinets, des visites à domicile puissent être proposées ou la création de lieux de soins ad hoc accesibles, vers lesquels le professionnel accepterait de réaliser des consultations. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, mais il est probable que sa réponse sera rapidement donnée avant l’été, en tout cas pour lancer cette auto-évaluation des cabinets, pour laquelle le rapport Jacob réclame une mise en œuvre "immédiate". Une solution, qui permettrait, selon lui, d’éviter les multiples dérogations à l’horizon 2015.
Au-delà, l’auteur préconise la création d’unités de soins mobiles en ophtalmologie et gynécologie, à l’image de ce qui existe déjà pour la dentisterie. Une solution identique est proposée également avec la mise en place d’"équipes d’urgences pluridiscilinaires territorialisées" pour éviter aux personnes handicapées le parcours du combattant des urgences.
Ce ne sont pas les seules solutions avancées pour améliorer une prise en charge en médecine de ville jugée particulièrement "difficile, aléatoire et morcelée". Le rapport Jacob juge en effet les professionnels de santé insuffisamment formés sur ce point et lance l’idée d’un stage spécifique de sensibilisation d’une quinzaine de jours pendant les études, mais aussi la création de réseaux ressources "intégration handicap". Il insiste aussi à plusieurs reprises sur l’urgente nécessité d’un carnet de santé informatisé pour améliorer la coordination autour des personnes handicapées. Enfin, des majorations spécifiques dans la nomenclature sont imaginées, à l’instar de ce qui commence à se faire pour les consultations de personnes âgées. Tout cet arsenal vise à remédier aux retards de prise en charge si souvent évoqués à propos des personnes en situation de handicap.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature