« B IEN que des compléments de recherche soient nécessaires, ces résultats indiquent un rôle potentiel des anti-inflammatoires dans le traitement de la démence vasculaire et la maladie d'Alzheimer, et en particulier chez les patients qui ont un AVC », concluent les auteurs. C'est en réalisant une étude cas-contrôles que le groupe de Shauna McCusker (Belfast) apporte la démonstration que le polymorphisme C-850T du gène du TNF (Tumor Necrosis Factor) alpha représente un facteur de risque de la démence vasculaire en Irlande du Nord. Par ailleurs, ce risque n'apparaît pas sous l'influence du locus HLA-DR II, comme cela avait été parfois supposé. Il est aussi montré que le polymorphisme semble agir en synergie avec l'allèle epsilon 4 de l'apolipoprotéine E pour augmenter le risque de MA.
Les étiopathogénies de la MA, de l'AVC et de la démence vasculaire dépendent de mécanismes neuro-inflammatoires, observent les auteurs. Mais les différences de risque entre la démence vasculaire et la maladie d'Alzheimer montrées par ces derniers résultats suggèrent que des mécanismes inflammatoires différents sont à l'origine de ces deux entités cliniques.
La protéine bêta amyloïde
On trouve de la protéine bêta amyloïde dans les plaques séniles de patients souffrant de MA et dans le tissu cérébral après une ischémie. Bien qu'elle soit probablement le premier constituant de la plaque sénile, cette protéine n'est pas réputée neurotoxique. En revanche, on sait que la forme agrégée de la protéine bêta amyloïde active la microglie et induit la production de TNF alpha.
C'est pourquoi des variations génétiques du TNF alpha ou d'autres cytokines pro-inflammatoires sont à même d'augmenter le risque de développement de ces démences, et c'est la raison pour laquelle les chercheurs se sont orientés dans cette direction.
L'étude a consisté à faire un génotypage à la recherche du polymorphisme C-850T chez 242 patients souffrant d'une MA sporadique, 81 patients ayant une démence vasculaire, 61 un AVC sans démence et 235 sujets contrôle sains ; les chercheurs ont aussi réalisé un génotypage pour l'allèle epsilon 4 de l'apolipoprotéine E. Les groupes ayant une démence vasculaire et un AVC ont eu un typage pour le locus HLA-DR.
Le génotype TT
Résultat : il existe un odds ratio (OR) allant de 1,49 à 4,21 pour le développement d'une démence vasculaire dans le groupe des individus ayant la présence de l'allèle C-850T. Le test du chi 2 indique un doublement du risque chez les personnes ayant les deux allèles T (génotype TT) comparativement aux sujets n'ayant qu'une copie de l'allèle. Par ailleurs, les résultats montrent que la présence de l'allèle T augmente de manière significative le risque de MA associée à l'allèle de l'apolipoprotéine epsilon 4. Les auteurs calculent un OR moyen de 2,73 (1,68-4,44) pour les sujets ayant l'apolipoprotéine epsilon 4 sans l'allèle T et de 4,64 (2,38-8,96) pour les personnes ayant les deux traits génétiques.
« The Lancet », vol. 357, 10 février 2001, pp. 436-439.
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