Cela fait des mois que le conflit entre les médecins libéraux d’Angoulême et les autorités préfectorales et policières perdure à Angoulême.
Les médecins s’estiment trop sollicités par ces réquisitions (jusqu’à 4 ou 6 par jour selon eux). Ils se plaignent aussi des conditions dans lesquelles ils sont amenés à examiner les gardés à vue au commissariat, et des délais de paiement des honoraires. De leur côté, les autorités déplorent que les praticiens rechignent à déférer à ces réquisitions, et envoient systématiquement le gardé à vue aux urgences, au motif qu’ils ne seraient pas en mesure de savoir si l’état de santé du gardé à vue est compatible avec sa situation.
« Bouffer du toubib »
Récemment, un généraliste d’Angoulême, le Dr Louis-Adrien Delarue, a eu maille à partir avec les autorités policières. Un officier s’annonce au cabinet du praticien, réquisition en main, et est informé de ce que le généraliste est chez un patient. Joint par téléphone par l’officier de police, le praticien dit s’être senti « agressé » par le policier, manifestement venu à son cabinet pour « bouffer du toubib ».
Louis-Adrien Delarue lui précise néanmoins qu’il se rendra bien au commissariat dès qu’il en aura fini avec son patient. « Quand je suis arrivé 20 minutes après au poste de police, continue le Dr Delarue, le chef de poste m’annonce avec un sourire en coin que le gardé à vue a déjà été emmené à l’hôpital ».
Des négociations qui s’enlisent
Une solution existerait pourtant, qui consisterait à créer une unité médico-judiciaire, avec une équipe de médecins dédiés.
Les négociations ont débuté en juin. Mais « une ou deux réunions plus tard, c’est le statut quo, regrette le Dr Anne Renault, présidente du cercle des médecins omnipraticiens du grand Angoulême (CMOGA). La stratégie du procureur, de l’ARS et de la préfète, partie en août sans que nous ayons encore rencontré son successeur, semble être de laisser pourrir la situation, espérant peut-être que nous nous lasserions et que les choses reviendraient à la normale ». Le Dr Renault se dit « très inquiète de la tournure que prennent les événements ».
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