ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
T ELLE Pompéi figée dans la lave dans son état antique, le site d'Ani est gelé depuis le fin du XIVè siècle et reste un témoin unique du monde médiéval.
Ani fut, en l'an mil, un modèle urbain d'un type alors nouveau dans un pays fortement décentralisé de type féodal. Avec une centaine de milliers d'habitants elle réunissait une partie importante de la noblesse et de l'élite politique. Un centralisme qui va engendrer un large développement du commerce international et entraîner une fortune économique favorable aux arts. C'est dans le contexte des rivalités entre les empires arabe et byzantin que la royauté des Bagratides a pu se faufiler et s'imposer. Tout comme l'Iran sa voisine, la culture arménienne a aussi profité de l'héritage hellénistique tout en structurant l'influence du christianisme qui y impose son esprit et s'infiltre jusque dans la vie quotidienne des habitants.
La société arménienne puise volontiers ses références culturelles dans la Bible, les codes civils en usage s'appuyant sur « les préceptes moraux délivrés par les Saintes Ecritures ». Juges et notables trouvent ainsi la cohérence de leur politique et la crédibilité de leur pouvoir.
Portrait d'une ville, l'exposition propose une dizaine de séquences qui témoignent de son évolution à travers les dynasites qui s'y succèdent.
La présentation d'une centaine d'objets divers en cuivre, bronze, céramique, terre cuite, faïence, bois, os et pierres semi-précieuses (objets du culte et de la vie quotidienne) ainsi que des manuscrits, et l'évocation des bâtiments qui s'y rattachent, témoignent d'une civilisation créée sur la croisée des influences qui s'y rencontrent. Parfait exemple d'intégration allant vers une synthèse.
Pour compléter la promenade, une salle évoque l'aventure des voyageurs et archéologues au chevet d'une cité millénaire, et un regard contemporain sur Ani, celui du photographe François Paolini.
Une exposition d'autant plus importante qu'elle témoigne d'une civilisation toujours menacée, aujourd'hui encore terriblement exposée aux situations conflictuelles de la région.
Pavillon des Arts (Les Halles - Porte Rambuteau). 101, rue Rambuteau. Tous les jours, sauf le lundi et les jours fériés, de 11 h 30 à 18 h 30. Jusqu'au 13 mai. Entrée 35 F.
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