L'APOLIPOPROTEINE E, présente dans le sang et le cerveau, joue un rôle important dans le transport des lipides. Elle a aussi une influence dans la régénérescence des axones et de la myéline lorsque le système nerveux central ou périphérique est endommagé ; et agit in vitro comme facteur ou cofacteur de croissance nerveuse.
Il existe trois allèles courants du gène apoE, appelés e2 (epsilon 2 ), e3, et e4.
L'allèle epsilon 4 dans la maladie d'Alzheimer
On sait que l'allèle e4 est associé à un risque accru de développement de la maladie d'Alzheimer. Un des mécanismes qui a été proposé pour cette association est une réparation inadéquate liée à l'allèle e4. Le génotype apoE pourrait, par conséquent, influencer d'autres maladies neurologiques, comme la sclérose en plaques (SEP). En effet, la SEP est une maladie inflammatoire chronique du système nerveux central qui est caractérisée par des poussées suivies de rémissions. Puisque la réparation est essentielle pour la restauration de la fonction du système nerveux central après les rechutes de la SEP, l'allèle e4 pourrait favoriser une accumulation, au fil du temps, de l'incapacité fonctionnelle chez les patients atteints de SEP.
Un travail chez 205 patients
Chapman, Korczyn et coll. (université de Tel Aviv, Israël) ont conduit une étude rétrospective sur 205 patients atteints de SEP. L'analyse est rétrospective, mais toutes les données cliniques ont été accumulées de façon prospective pendant une moyenne de dix ans, et indépendamment du génotypage apoE. Dans ce travail, 41 patients ont été trouvés hétérozygotes pour l'allèle e4, et les 164 autres ne portaient pas cet allèle ; cela donne une fréquence de l'allèle e4 (0,10) similaire à celle trouvée dans la population israélienne ; ce qui suggère que l'allèle e4 n'augmente pas le risque de développer la SEP.
En revanche, après ajustement pour le sexe, ainsi que pour l'âge à l'apparition de la SEP, l'allèle e4 apparaît significativement associé à une progression plus rapide de l'incapacité fonctionnelle (évaluée sur l'échelle EDSS, pour Expanded Disability Status Scale). Tandis que la moitié des porteurs de l'allèle e4 atteignent un score d'incapacité de 4 en sept ans, il faut dix-neuf ans pour que la moitié des non-porteurs atteigne ce score. Il en va de même pour un score d'incapacité de 6, avec 50 % de risques d'atteindre ce score après une durée de la maladie de vingt-cinq ans dans le groupe non e4, comparée à quatorze ans dans le groupe e4.
Un marqueur pronostique ?
Ainsi, les porteurs de l'allèle e4 arrivent aux scores d'incapacité de 4 et de 6, douze et onze ans plus tôt que les non-porteurs.
L'allèle e4 est aussi associé à une survenue légèrement plus précoce de la maladie (32 ans, en moyenne, comparé à 35 ans). Ces résultats pourraient avoir des retombées, font remarquer les auteurs. Le génotype apoE pourrait être utilisé comme un marqueur pronostique pour conseiller les patients sur un début plus précoce du traitement, et dans l'analyse et la comparaison des études cliniques.
« Neurology », 2001, p. 312.
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