Un infime probabilité de grossesse par cycle

Après une AMP, la majorité des couples souhaitent laisser faire la nature

Publié le 01/02/2012
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Crédit photo : phanie

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LA COHORTE de suivi d’enfants « Follow up » débutée en 1998 comptait en 2011 30 000 d’enfants nés après AMP et impliquait 23 centres d’AMP avec un total de 21 000 grossesses suivies. L’enquête fertilité réalisée en 2006 sur cette cohorte par les Drs S. Epelboin et C. Avril est une étude rétrospective dont l’objectif était d’évaluer le projet parental, la fertilité et l’issue des grossesses menées à la suite d’une naissance après AMP. Le questionnaire de l’étude a été adressé à 1 200 mères d’enfants de 3 à 5 ans ; 1 046 d’entre elles (87 %) ont répondu, se répartissant selon leur choix en deux groupes : les femmes qui depuis la naissance de référence, c’est-à-dire la naissance après AMP, n’avaient pas souhaité de nouvelle grossesse (groupe 1) et celles qui, à l’inverse, avaient eu un nouveau projet parental (groupe 2). Ces mères étaient toutes âgés de moins de 43 ans ; 86 % d’entre elles avaient moins de 38 ans ; 79 % des pères avaient moins de 42 ans. La méthode d’AMP utilisée pour la grossesse référente était l’ICSI (51 % des cas) suivie de la FIV (39 %) puis du transfert d’embryon congelé (10 %), une répartition identique à celle retrouvée dans l’ensemble de la population recourant à AMP ; 24 % des couples interrogés avaient encore des embryons surnuméraires congelés.

Seules 132 femmes (groupe 1) avaient décidé de ne plus avoir d’enfant après une naissance par AMP, dont 114 avaient opté pour une contraception à long terme, 17 avaient divorcé, une avait perdu son conjoint. Les raisons invoquées par ces femmes étaient en premier lieu le fait d’avoir une famille accomplie, puis l’âge ou des facteurs sociaux, enfin la pénibilité des techniques d’AMP dans seulement 10 % des cas.

La plupart des couples de cette étude (groupe 2 : n = 896) souhaitaient une nouvelle grossesse ; la majorité d’entre eux (60 %) n’avaient pas fait de demande d’AMP ; parmi eux, 38 % avaient opté pour une conception naturelle et 22 % n’avaient pas encore arrêté de choix définitif sur le mode de conception. Dans ce groupe 2, 40 % des couples avaient décidé ou repris une démarche d’AMP. Pour les 539 couples qui désiraient un autre enfant sans avoir recours à l’AMP, le taux de grossesse naturelle par cycle est extrêmement faible, estimé par les auteurs de l’enquête à 0,4 % ; mais si 81 % d’entre eux ont effectivement échoué, 18 % ont obtenu une nouvelle grossesse et 6 % en ont eu deux. Parmi les couples qui ont opté pour l’AMP, 60 % ont eu un autre enfant, 10 % à l’issue d’une grossesse naturelle, et 5 % ont eu un enfant par AMP et un enfant conçu naturellement.

Cette étude montre que la majorité des couples devenus parents après une AMP décident dans les 3 à 5 ans suivants de ne pas prendre de mesures contraceptives à long terme et de ne pas avoir de nouveau recours à l’AMP, en choisissant de « laisser faire la nature ».

De façon, en apparence seulement, paradoxale, les 18 % de chances de grossesse naturelle incitent à l’optimisme, mais individuellement la probabilité par cycle est infime (0,4 %). Cette probabilité par cycle de grossesse spontanée est identique que les couples décident ou non de faire une nouvelle démarche en AMP.

Les données de cette étude peuvent aider à la réflexion et à la décision après une naissance AMP.

*Congrès GAOP (Gynécologie Andrologie Oncologie Psychosomatique).

 Dr HÉLÈNE COLLIGNON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9076