De notre correspondante
P REVENTION, prise en charge et droits des malades sont les trois volets des priorités régionales en Aquitaine, en matière de cancer, telles que les a définies la 5e Conférence régionale de santé (CRS).
Plusieurs facteurs de risque du cancer relatifs à des comportements sont bien identifiés. Aussi est-il possible de développer une prévention dans ce domaine.
La CRS d'Aquitaine insiste sur la nécessité de professionnaliser la prévention en santé, ce qui implique de prévoir des formations, des statuts reconnus et des sites d'exercice spécifiques. Cela devrait permettre une approche globale des déterminants de santé et une prévention des comportements à risque de cancer, spécifiques à chaque groupe social.
Un moyen intéressant pour y parvenir serait de renforcer la formation à la prévention dans les programmes d'enseignement, non seulement pour les professionnels médicaux et paramédicaux mais aussi pour les futurs professeurs des écoles. Ces actions doivent s'appuyer sur les comités d'éducation pour la santé et à la citoyenneté (CESC).
Il faut coordonner les actions, les acteurs et les financements afin de rendre les dispositifs existants plus efficaces. Mais il faut un financement : d'où l'intérêt de développer une culture de prévention auprès des décideurs et financeurs publics afin qu'ils favorisent un rééquilibrage financier entre prévention et soins.
Enfin, il faut assurer l'information du public avec des publications et des forums permettant le débat public.
Un réseau de cancérologie régional
L'outil régional de prise en charge médicale des cancers est le réseau de cancérologie d'Aquitaine. Formalisé depuis le mois de juin 2000, il regroupe, à l'échelle régionale, les représentants des équipes médicales spécialisées en cancérologie du secteur public et du secteur privé, des autres professionnels concernés par la cancérologie et des usagers. Son objectif est de réduire les inégalités en améliorant l'organisation des soins à l'échelle de l'ensemble de la région et en développant la prise en charge initiale grâce à la concertation pluridisciplinaire. Il a ainsi favorisé la constitution des unités de coordination pluridisciplinaires en oncologie : dix sites par région.
L'amélioration des pratiques cliniques passe par les protocoles de référence. Un état des lieux des équipements radiologiques et radiothérapiques disponibles permet d'évaluer les besoins de la région. Les équipes pluridisciplinaires hospitalières doivent pouvoir relayer les oncologues pour répondre aux besoins d'information et d'accompagnement des patients et de leur famille.
La hiérarchisation des compétences et l'organisation cohérente du suivi des patients peuvent et doivent s'articuler à trois niveaux : le centre régional anticancéreux ; les sites référents en cancérologie ; l'organisation du suivi et du soutien à domicile.
Pour le Dr M. Le Sommer-Pere, rapporteur d'un atelier, « le dossier médical unique partagé est un moyen vivement conseillé, car il permettra l'accès aux informations en temps réel et rendra possible une évaluation qualitative à partir du chaînage des interventions et du suivi de la trajectoire du malade ».
Le rôle du médecin dans la prise en charge à domicile
Le retour du malade à domicile et les alternatives à l'hospitalisation doivent être développés en Aquitaine car les structures de services de suite et d'HAD (hospitalisation à domicile) sont insuffisantes et leur création doit être encouragée. Beaucoup d'améliorations sont souhaitables en milieu ambulatoire. A commencer par les formations des professionnels de santé libéraux pour faciliter l'échange d'informations, améliorer l'approche globale des malades et garantir la cohérence de leur suivi.
« Pour cela, insiste M. Le Sommer-Pere, il faut soutenir la pratique des médecins généralistes et leur permettre de vivre non pas isolésavec des problèmes mal connus, mais assurés d'avoir à leur disposition la structure ou la personne ressource porteuse de la solution du problème posé : capacités d'accueil de proximité, entretien des compétences, formation d'équipes d'hôpitaux locaux, par exemple. »
Il faut aussi clarifier et soutenir le rôle des infirmières libérales et leur assurer une rémunération correcte pour tous les actes complémentaires des traitements spécifiques. Ainsi, l'accompagnement des malades et des familles doit être reconnu comme un acte professionnel car c'est un élément essentiel de la qualité de vie des patients.
Laquelle passe aussi par la garantie des droits. Dans ce but, il faut favoriser l'information des patients, des médecins du travail, des employeurs, des administrations et des familles, qui, tous, doivent connaître leurs droits.
Enfin, il faut reconnaître les maladies professionnelles, développer le soutien psychologique, améliorer le traitement de la douleur et développer les soins palliatifs.
La 5e Conférence régionale de santé d'Aquitaine a donc défini, grâce à une réflexion pluridisciplinaire en amont, tout un ensemble d'actions destinées à une prise en charge globale du cancer. Reste à savoir si ces projets trouveront un financement permettant de les concrétiser.
Les autres priorités
Les priorités de santé pour la région Aquitaine ont été définies en 1996, puis par les différentes conférences régionales : promouvoir la santé des jeunes et lutter contre la mortalité et la morbidité évitables ; mieux prévenir les effets de la précarité sur la santé (le programme de lutte contre l'alcoolisme élaboré en 2000 vient conforter ces deux priorités) ; identifier les besoins des personnes âgées et des personnes handicapées, notamment avec une étude sur le vieillissement des handicapés.
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