« Un grand requin sur les eaux grises de l’Atlantique ». C’est ainsi que l’écrivain James Joyce décrivait, pourquoi pas, Inishmore, la plus grande des trois îles Aran. On y arrive par ferry ou par avion (7 minutes, décollage et atterrissage inclus ! Presque au Guiness book !).
Et l’on est très vite comme happés, conquis par la beauté des lieux. Paysages rudes et magnifiques, rochers balayés par des vents parfois très violents, petites maisons blanches au toit de chaume et surtout un patchwork de murets de pierre sèche qui zèbrent toute l’île et se recoupent à l’infini. Ici, on se déplace en vélo ou en calèches, parfois en bus, rarement en voiture (seuls les îliens en disposent), ce qui ajoute encore au charme de cette île.
Trois randos sont classiquement proposées car ce sont les balades à pied qui permettent le mieux d’apprivoiser l’ile: Lub Dun Eochla (10 km, 2h30, difficulté modérée), Lub an Chorruch (12 km, 3h, essentiellement sur les petites routes) et Lub Cill Mhuirbhigh (16 km, 4 bonnes heures, mais sans difficultés majeures car l’ile est quand même assez plate).
Notre guide, Cyril, aime sa liberté et … sortir des sentiers battus. Il nous propose donc une balade non répertoriée. C’est un sacré gaillard ce Cyril, le visage encadré par de sages favoris, la carrure du copain qu’on appelle lors de déménagements et connaissant tout sur son île. Il faut dire qu’il représente la septième génération ici et qu’il fait un peu tous les métiers : guide, certes, mais aussi employé à l’aéroport, facteur lors des congés du titulaire, artiste peintre, éleveur avec trente vaches et maraîcher bio dans son beau jardin.
« Il ne faut pas se limiter à une randonnée prévue, précise-t-il, mais être ouvert aux chemins de l’ile que l’on peut croiser ». Et, pendant deux bonnes heures, saluant- en gaëlique, bien sûr- les habitants, Cyril nous fait découvrir « son » île, passant de routes asphaltées à des petits chemins pierreux toujours bordés de murets en pierre, parfois haut de plus d’un mètre et qui forment finalement une sorte de labyrinthe sans fin. Ici, deux vieilles églises, là une prairie à l’herbe épaisse, parsemée de fleurs. « 437 sortes de plantes poussent ici, et l’on a 40 variétés de papillons et même 19 sortes d’abeilles », indique fièrement notre guide. Et l’on découvre même, garé devant un cottage, un « curragh », sorte de pirogue légère typique en bois recouverte de toile goudronnée, encore parfois utilisé.
Sans oublier une petite halte dans le cottage où a été tourné en 1934 le très célèbre ( mais pas inoubliable) film de Robert Flaherty « The man of Aran ».
L’omniprésence de ces murs en pierre, d’où l’on aperçoit parfois une porte (en fait quelques pierres que l’on peut enlever et remettre facilement car ces prairies servent d’enclos pour les bêtes), ne cesse d’interroger. Notre guide explique que ce fut probablement le défi des anciens habitants de l’île, peut-être ses ancêtres, de dégager des surfaces herbeuses utiles à l’élevage en entassant les pierres les unes sur les autres, « créant ainsi de petits murs qui, en plus, avaient l’avantage de couper le vent ».
En bouquet final de la balade, nous arrivons enfin sous un soleil éclatant devant la forteresse maritime la plus célèbre des îles Aran : Dun Aonghasa (ou Dun Aengus). Juchée au sommet d’une falaise à pic de 91 mètres, de forme semi-circulaire (mais l’autre partie est probablement tombée dans la baie de Galway voici de siècles), cette forteresse (Dun en gaélique)- a été occupée de 1000 av. JC jusqu’au début de l’ère chrétienne . Elle est protégée par trois enceintes de pierre sèche et des blocs de calcaire plantés verticalement formant une sorte de chevaux de frise dont le but était, bien sûr, d’intimider les assaillants. Probablement ancien lieu de cérémonie, il s’étend sur quatre ha. C’est tout simplement l’un des plus remarquables exemples de l’architecture préhistorique en Europe ! Belle récompense.
Infos sur www.irlande-tourisme.fr
A Aran, le guide Cyril O’Flaherty est joignable via son site : www.aranwalkingtours.com.
Y aller
Aer Lingus: vols quotidiens au départ de Roissy-Charles de Gaulle vers Dublin dès 72,99€
Ryanair: 3 vols par semaine au départ de Paris-Beauvais vers Shannon à partir de 19,99€
Iles Aran : par avion : Aer Arann www.aerannislands.ie (6 minutes de vol !)
Ferry : aranislandferries.com ( 15 mn de trajet de Inishmore à Inverin
En s’y prenant à l’avance, il est possible de faire une escapade dans les deux autres îles qui sont très peu habitées : Inishman Island et Inisheer Island. Se renseigner sur place à l’O.T d’Inishmore ouvert d’avril à octobre.
Se loger
Les breakfasts sont somptueux en Irlande et les hôtels très confortables, bien souvent avec beaucoup de caractère. A Aran, à la Kilmurvey House, vieille maison d’un siècle et demi qui a beaucoup de charme, Treasa et Bertie vous accueilleront très chaleureusement.
Se restaurer
Pier House Restaurant, face à l’embarcadère.www.aranrestaurant.com.
À lire
Guides en français : Géoguide, (Gallimard éditeur) avec sa formule tout en couleurs et une foule de détails utiles, 510 pages 14, 50 euros, Le Petit Futé, 478 pages avec de nombreuses adresses pour tous les choix et le guide Evasion (Hachette éditeur).
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