L A prévalence des maladies allergiques respiratoires augmente chez l'enfant et l'adulte. L'exposition allergénique précoce des enfants atopiques entraîne un risque de sensibilisation et de développement d'hyperréactivité bronchique.
L'exposition aux polluants et allergènes domestiques représente sans doute la part essentielle : tabagisme parental (de 30 à 40 % des familles), sensibilisation aux phanères animaux (possible sensibilisation via les vêtements à des animaux vivant hors du domicile), blattes, moisissures, acariens. Cependant, selon D. Vervloet et coll. la teneur du matelas en acariens serait moins déterminante que le niveau de sensibilisation des enfants atopiques (plusieurs tests cutanés positifs).
L'objectif premier est l'éviction des allergènes, souligne le Dr P. Leroux (CH Le Havre) : aspirateur avec filtre HEPA, housse de matelas antiacariens, minimum de peluches (lavées à 60 °), acaricides, éviction des tapis, etc.
Un effet modéré à l'échelon individuel
Selon L. Donato (hôpital de Hautepierre, Strasbourg), en comparaison des méfaits du tabagisme parental, les effets de certains polluants atmosphériques, bien qu'incontestables, ont un effet modéré à l'échelon individuel. Toutefois, indépendamment du problème des maladies respiratoires de l'enfant, la lutte contre ces polluants doit être poursuivie, souligne le Pr G. Blancher (président du Comité national de l'enfance), ainsi que l'évaluation de l'impact de chacun d'eux sur les troubles respiratoires de l'enfant.
L'augmentation de la prévalence de l'asthme pourrait aussi être liée à la disparition de facteurs de résistance. Différentes données font état d'une relation inverse entre infections de la petite enfance et installation d'un asthme allergique. Une étude japonaise (« Science », 1997) montre qu'il existe une relation inverse entre positivité de la réaction à la tuberculine et symptômes d'allergie et d'asthme.
La réponse médiée par les lymphocytes T
Cette protection vis-à-vis des maladies allergiques par l'exposition à un agent infectieux (le BK dans l'étude japonaise) peut être expliquée par une orientation précoce particulière de la réponse immunitaire médiée par les lymphocytes T : si un agent infectieux est présenté aux TH0 « naïfs », ceux-ci se différencient en TH1 spécialisés dans la défense anti-infectieuse, qui sécrètent des cytokines empêchant la différenciation de TH0 en TH2, lesquels jouent un rôle clé dans les manifestations allergiques. Le Pr M. Aubier (hôpital Bichat, Paris), citant ces données, souligne qu'il n'est pas question de renoncer aux vaccinations et à l'antibiothérapie utilisée à bon escient. La recherche s'oriente, précise-t-il, vers l'élaboration d'un vaccin comportant des fractions peptidiques bactériennes non infectieuses, susceptible d'orienter la réponse immunitaire dans le sens d'une différenciation TH1 ; des travaux menés en Angleterre confirment l'intérêt de cette démarche.
Entretiens de Bichat. Table ronde organisée par le Comité national de l'enfance.
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