Condamné en 2016 par la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale et blanchiment, l'ancien chirurgien Jérôme Cahuzac a assisté libre à la cinquième journée d'audience de son procès devant la cour d'appel de Paris. Tête baissée, l'ex-ministre du Budget a écouté sans broncher le réquisitoire de l'avocat général.
Durant plus d'une heure, Jean-Christophe Muller a pris pour cible la personnalité de Jérôme Cahuzac, un homme qui n'a pas su « faire des choix » « Vouloir tout et son contraire. Vouloir la réussite, familiale, sociale et politique. Quoi de plus légitime de le vouloir. Mais à un moment, des choix doivent être faits. Avant le procès de l'opacité financière et du mensonge, c'est avant tout le procès du sentiment d'impunité. L'impunité, c'est penser que la loi c'est pour les autres », a attaqué l'avocat général.
Faut-il différencier les pratiques frauduleuses de Jérôme Cahuzac de celles de son ex-femme ? Patricia Cahuzac, condamnée en première instance à deux ans de prison ferme, n'avait pas fait appel. La réponse est oui, selon le magistrat. Maniant l'ironie, il a comparé le couple à deux figures de la littérature française : l'ex-député fraudait comme Rastignac « Paris me voilà » et son ex-épouse comme Emma Bovary allait « acheter des étoffes pour se délasser ». Mais au final, « le couple qu'ils formaient se rapprochait plus des Thénardier », assène-t-il.
Faut-il appliquer à Jérôme Cahuzac la même peine que celle infligée à son ex-épouse ? La réponse est non. Pour l'accusation, la responsabilité de l'ex-maire de Villeneuve-sur-Lot est toute particulière. Pourquoi ? Parce que le scandale qu'a soulevé la révélation en décembre 2012 de son compte caché à l'étranger a créé un « séisme politique » mais aussi un « traumatisme national », selon le magistrat.
Faute morale
« La confiance d'un pays dans ses dirigeants politiques est fragile et vous l'avez détruite », a-t-il asséné, tout en reconnaissant que cette révélation… a ensuite moralisé la vie politique française. Au final, Jean Christophe Muller a demandé la confirmation du jugement du tribunal correctionnel de Paris contre Jérôme Cahuzac, soit trois ans d'emprisonnement ferme et cinq ans d'inéligibilité.
La confirmation de cette peine enverrait l'ex-pourfendeur de la fraude fiscale derrière les barreaux. Son avocat, Eric Dupond-Moretti, devrait plaider pour une peine égale ou inférieure à deux ans de prison, ce qui ouvrirait la possibilité d'un aménagement de peine. « Votre plus grande contribution à la lutte contre la fraude fiscale aura été votre procès », a lancé l'avocat général à l'ancien ministre, les yeux dans les yeux.
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