Au Royaume-Uni, les diabétiques sous glitazones sont davantage protégés contre la maladie de Parkinson

Publié le 23/07/2015
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La pioglitazone et la rosiglitazone – suspendues en France respectivement depuis 2010 et 2011 – pourraient avoir des propriétés neuroprotectrices contre la maladie de Parkinson, selon les données issues d’une cohorte britannique, suivie de 1999 à 2013. L’étude, menée par la London School of Hygiene and Tropical Medicine, et publiée dans « PLOS Medicine », montre que l’incidence de la maladie neurodégénérative est plus faible, de 28 %, chez les sujets diabétiques traités par pioglitazones, par rapport à ceux prenant d’autres antidiabétiques.

Les glitazones, très prometteuses à leurs débuts (dans les années 2000), ont subi plusieurs revers, avec une forte désaffection en Europe, et surtout en France, où plus aucune de ces molécules n’est autorisée. La rosiglitazone a eu le plus gros coup du sort, en raison d’effets secondaires cardiovasculaires graves, qui ont conduit, en 2010, à un retrait d’AMM en Europe et à des restrictions de prescription aux États-Unis, levées après coup en 2013. Pour la pioglitazone, qui a vu en 2011 sa prescription s’accompagner d’un risque augmenté de cancer de la vessie, seule la France a suspendu, en 2011, sa commercialisation, quand dans le même temps le reste de l’Europe et les États-Unis en ont restreint les conditions d’administration.

Une incidence diminuée de 28 %

L’effet neuroprotecteur des glitazones avait été mis en évidence in vitro et chez le rongeur, et c’est donc la première preuve chez l’humain qu’apporte ici l’équipe du Dr Ruth Brauer. Plus de 160 000 patients diabétiques de la UK Clinical Practice Research Datalink ont été inclus dans l’analyse, 44 597 traités par glitazones, et 120 373 prenant d’autres molécules. Autrement dit, un patient traité par glitazone était apparié à 5 témoins traités autrement. Au cours du suivi, 175 patients du groupe glitazone et 517 du groupe témoin ont développé une maladie de Parkinson. Ce qui correspond respectivement à une incidence de 6,4 pour 10 000 patients années et 8,8 pour 10 000 patients année – soit au final à une réduction d’incidence de 28 % dans le groupe glitazone.

Apparition retardée ou progression ralentie ?

L’étude ne permet pas de déterminer si la molécule protège de l’apparition de la maladie ou si elle en ralentit la progression. Un essai actuellement en cours dans le Parkinson apportera peut-être bientôt des éléments de réponse.

L’étude britannique ne permet pas non plus d’affirmer si l’effet est équivalent chez les sujets non-diabétiques, même si l’équipe le suppose fortement. Les auteurs, qui se gardent pour l’instant de recommander l’utilisation des glitazones dans la maladie de Parkinson, suggèrent simplement de mieux comprendre comment le mécanisme, supposé via le circuit PPAR gamma (peroxisome proliferation-activated gamma), exerce son effet neuroprotecteur – « une cible intéressante pour la recherche future » selon eux. Ces résultats réhabilitent l’image écornée des glitazones, d’autant que le tort attribué à cette classe pourrait être moins important que prévu, comme le suggère l’historique de la rosiglitazone. Et une étude récente publiée sur la pioglitazone dans le « JAMA » n’a pas retrouvé, sans l’exclure pour autant, d’association significative avec le cancer de la vessie.

Dr I. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr