T ROIS ans de prison avec sursis, c'est la peine de principe à laquelle a été condamnée Anne Pasquiou pour le meurtre de son fils autiste de 10 ans (« le Quotidien » du 2 mars).
Le jury (6 femmes et 3 hommes), qui n'a délibéré qu'un peu plus d'une heure, après deux jours et demi de procès, a suivi l'avocat général, qui avait demandé « une peine de principe, une peine de prison avec sursis mais une peine qui ne soit pas dérisoire, indiquant clairement votre désapprobation, tout en restant bienveillante et clémente ». « Je continue de penser qu'on peut à la fois témoigner de la compassion et de la compréhension (à l'égard de l'accusée) tout en prononçant une déclaration de culpabilité », avait-il affirmé, en estimant qu'une condamnation permettrait de délivrer « un message clair, de choix de société : la vie de l'autiste vaut d'être vécue ».
« C'est un geste de pardon implicite, a pour sa part commenté l'avocat de Mme Pasquiou, Me Pierre Abegg, qui, dans sa plaidoirie, avait dénoncé « la faillite de cette société » face à l'autisme et « la défaillance criminelle, coupable des institutions dans leur rapport aux parents ».
Le président de la cour lui-même a tenu, fait exceptionnel, à s'adresser à l'accusée après l'énoncé du verdict : « La cour et les jurés ne peuvent excuser le geste grave que vous avez commis, a dit Jean-Luc Buckel (...), mais ils ont compris les circonstances dans lesquelles vous avez été amenée à commettre ce meurtre ». Et il enjoint Anne Pasquiou de « tourner la page », au nom de ses deux autres enfants.
On estime à 4 000 le nombre d'autistes qui naissent chaque année en France. Lors du procès, une autre mère d'autiste, membre de l'association Autisme France, a témoigné de sa « détresse » ; son mari a décrit la logique d' « exclusion » dont sont victimes les enfants autistes et leurs familles et déploré le manque de places dans les structures spécialisées, conduisant fréquemment à l'internement des adultes en hôpital psychiatrique, « la pire des choses pour un autiste ».
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