En allant voir le film la Promesse de l’Aube (qui est à mon avis un chef-d’œuvre), je me suis interrogé sur le rôle et la fonction du médecin à cette époque (les années quarante), et je me suis permis de le transposer à la période actuelle.
Dans cette fiction, nous voyons le détachement du médecin vis-à-vis du patient qui reste le professionnel de santé uniquement intéressé par la pathologie de ses malades. Cette indifférence conduit à une confrontation entre le fils de la patiente et le praticien qui n’a pas une attitude psychologiquement irréprochable. Cependant, au fil de ce film, nous voyons de manière discrète qu’une relation se noue entre le professionnel de santé et le personnage principal du film. Un respect entre deux hommes différents par leur métier et leur caractère se développe.
À cette époque il existait une très grande confiance aux professionnels de santé, et nous pouvons voir que l’humanisme pouvait prévaloir. Le médecin, parfois très arrogant car il symbolisait le savoir, démontrait souvent qu’il était très proche de ses patients. Ainsi, il assurait une prise en charge totale et permanente (le plus souvent 24h/24) de ses patients qu’il considérait comme appartenant à sa famille.
Les médecins actuels sont plus à l’écoute des patients, mais souhaitent (ce qui est tout à fait concevable) réussir également leur vie privée et refusent de ce fait de se sacrifier en travaillant jour et nuit. Le respect mutuel entre les professionnels de santé et les patients s’est également quelque peu modifié. Le travail (que ce soit en milieu hospitalier ou libéral) devient de plus en plus harassant du fait d’un vieillissement de la population, d’une demande plus fréquente des populations, et d’une sous-médicalisation.
A contrario, les malades exigent de plus en plus, et deviennent des acteurs de santé : ils savent grâce aux réseaux sociaux et sites internet de quelle façon ils peuvent être pris en charge. De tels changements modifient de manière négative les rapports entre médecin et patients, et se superposent à la situation observée pour d’autres professionnels (instituteurs, policiers, pompiers…).
Un fait divers concernant les « attentes » de certaines patientes à l’égard de leur gynécologue défraie actuellement la chronique. Une association souhaite que nos collègues travaillent sans broncher (je ne souhaite pas retranscrire les propos très irresponsables). On arrive à ne plus respecter les praticiens, et on n’a plus de scrupule à demander à un professionnel de se taire…
Ne serait-il pas temps d’apprendre aux jeunes générations les valeurs de notre société ? Les politiques ne doivent-ils pas intervenir pour moraliser la vie quotidienne des concitoyens, et permettre de ce fait d’améliorer la qualité de vie des Français ?
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