C' EST peut-être un nouveau marqueur du risque d'accident vasculaire cérébral ischémique que décrivent, dans le « Lancet », des Français des hôpitaux Charles-Nicolle (Rouen) et Lariboisière (Paris). Il s'agit d'une diminution des taux sanguins de la protéine Z.
Il faut savoir que des chercheurs avaient déjà impliqué une anomalie du gène de cette protéine, chez la souris, dans la majoration du risque de thrombose. Mais la démonstration n'en avait jamais été faite chez l'humain.
Marc Vasse et coll. ont ainsi analysé le plasma de 59 patients consécutifs (36 femmes et 23 hommes) d'un âge moyen de 37,3 ans porteurs de thrombophilie veineuse et de 169 sujets victimes d'un AVC ischémique (110 femmes et 59 hommes de 33,3 ans en moyenne). Tous les sujets recrutés avaient moins de 60 ans ; ce point à son importance.
Le dosage a été effectué au moins trois mois après l'accident vasculaire.
Dans un premier temps, le taux « normal » de protéine Z a été fixé entre 1,01 et 3,57 mg/l, à partir de 46 contrôles sains.
L'analyse, ensuite, des patients atteints d'un AVC ischémique a permis de noter une baisse de la protéine Z dans environ 20 % des cas. En revanche, aucune déficience n'a été relevée chez 56 des patients aux antécédents de thrombose veineuse profonde. Cette anomalie est également relevée dans environ 5 % de la population générale, notent les auteurs. Le risque relatif d'ischémie associé à la déficience en protéine Z est ainsi estimé à 4.
Les complications thrombotiques de l'athérosclérose
« Nos résultats montrent que la déficience en protéine Z pourrait être impliquée dans les complications thrombotiques de l'athérosclérose et renforcent le concept d'un rôle de cette protéine dans la régulation de la coagulation », concluent les auteurs. Il est vrai que la protéine Z est très proche de facteurs de la coagulation tels que les facteurs VII, IX, X ou la protéine C, explique George J. Broze Jr (Saint Louis, Etats-Unis) dans un éditorial accompagnant la publication française. Elle diffère de ces autres protéines dépendantes de la vitamine K en ce qu'elle n'est pas un précurseur d'une sérine protéase, que sa concentration plasmatique s'étend sur une large plage et qu'elle est largement diminuée par les dérivés coumariniques.
Santé publique
L'hématologiste américain ajoute que les patients enrôlés « ne représentent qu'une petite partie de tous ceux touchés par un AVC, et le risque relatif d'AVC associé à la déficience en protéine Z chez les sujets plus âgés aux affections vasculaires et autres troubles médicaux peut être considérablement plus bas. Quoi qu'il en soit, en raison de l'incidence élevée de l'AVC, et du fait que 10 % (...) de la population a une concentration en protéine inférieure à 50 %, même un faible accroissement du risque d'AVC avec déficience en cette protéine chez les sujets plus âgés pourrait être important en termes de santé publique ».
« Lancet », vol. 357, 24 mars 2001, pp. 900-901 et 933-934.
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