De notre envoyé spécial
à Londres
C OMME l'a rappelé le Dr F. M. Armstrong (Bayer, Wuppertal), Bayer investit, chaque année 150 millions dans la R&D cardio-vasculaire. Avec un portefeuille très important de produits innovants en développement dans des indications diverses : HTA, coronaropathies, insuffisance cardiaque, hyperlipidémie, diabète de type 2, AVC, traumatismes cérébraux, prévention des thromboses et des resténoses après angioplastie... Mais à côté de la recherche de nouvelles cibles thérapeutiques, Bayer s'investit beaucoup dans le développement de ses produits leaders dans de nouvelles indications et/ou dans des sous-populations particulières.
L'exemple de l'aspirine
Une stratégie qui prend ses racines dans l'histoire de l'aspirine, molécule découverte en 1897 par Bayer et qui, près d'un siècle plus tard, s'est forgé une place majeure dans la prévention cardio-vasculaire. Le Pr C. H. Hennekens (Floride) a passé en revue les travaux qui ont abouti à ce véritable renouveau cardio-vasculaire de l'aspirine (de la découverte de Vane sur les prostaglandines jusqu'à la Physicians' Health Study). Pourtant, déplore C. H. Hennekens, l'aspirine demeure sous-utilisée et pas toujours aux doses optimales (de 50 à 81 mg/j en prévention primaire ou secondaire ; de 162,5 à 325 mg/j dans l'infarctus aigu). Pourtant, l'aspirine pourrait, en extrapolant les données des essais d'intervention, réduire le nombre des infarctus de 200 000 chaque année, rien que pour les Etats-Unis, et de sauver plus de 10 000 vies, dans le cadre de la prévention secondaire (plus de 100 000 en prévention primaire).
Chronadalate d'INSIGHT à ENCORE
SYST-EUR a représenté un tournant pour les inhibiteurs calciques car c'est la première étude ayant démontré que le traitement de l'HTA (par nitrendipine) utilisant cette famille réduisait le risque d'événements cardio-vasculaires, d'AVC et même le développement de démences, chez des sujets de plus de 60 ans.
- INSIGHT (International Nifedipine once daily Study : Intervention as a Goal in Hypertension Treatment) a représenté une seconde étape importante, a déclaré le Pr M. J. Brown (Cambridge, Royaume-Uni). Cette étude a inclu 7 436 patients hypertendus (6 321 randomisés), âgés de 55 à 80 ans, traités pendant trois ans et demi soit par Chronadalate, soit par diurétiques (l'association d'antihypertenseurs étant nécessaire chez un tiers des patients des deux groupes). Cet essai montre que les deux approches permettent un contrôle strict de l'HTA, à long terme (< 140/90 mmHg) et qui, du fait de ce contrôle, on réduit de moitié le risque d'AVC et d'événements coronariens, cela de façon équivalente (383 événements dans le groupe nifédipine et 397 dans le groupe diurétiques).
Ainsi, conclut le Pr Brown, INSIGHT a confirmé l'importance d'un strict contrôle de la pression artérielle, notamment chez les patients à haut risque vasculaire (20 % de diabétiques inclus), avec une efficacité équivalente de la nifédipine-LP et des diurétiques. On ne peut donc plus dire que seuls les « vieux » anti-hypertenseurs (diurétiques et bêtabloqueurs) ont fait leur preuve dans la prévention cardio-vasculaire.
De nouveaux développements sont en cours pour étudier les bénéfices éventuels de l'association nifédipine LP-cérivastatine.
- RESPECT a pour but de montrer si l'association d'une statine (cérivastatine) au traitement antihypertenseur chez des patients âgés (de 65 à 80 ans) dont le profil lipidique est quasiment normal (LDL-C compris entre 130 et 139 mg/dl) permet de réduire le risque d'AVC, d'infarctus, d'insuffisance cardiaque nécessitant une hospitalisation et de décès d'origine cardio-vasculaire. D'autres paramètres seront étudiés (fonctions cognitives, fractures, cancer du côlon, fonction rénale) dans une population qui atteindra 10 000 sujets, suivis pendant quatre ans (fin prévue en 2005). Enfin, il faut noter que les trois quarts de cette population seront des femmes.
- ENCORE a pour objectif d'étudier les effets de la nifédipine, de la cérivastatine et de leur association sur les fonctions endothéliales coronaires (test à l'acétylcholine après six mois de traitement). La première étude, ENCORE 1, a mis en évidence une amélioration significative de la vasomotricité sous nifédipine : l'amélioration étant plus faible et non significative sous cérivastatine en association. Ainsi, les inhibiteurs calciques améliorent rapidement la vasomotricité, en particulier au niveau des segments présentant la plus forte vasoconstriction. En revanche, les effets des statines sont sans doute plus lents, ce qui a conduit à l'étude ENCORE 2, d'une durée de deux ans (cérivastatine 0,2 et 0,8 mg, cérivastatine 0,8 mg-nifédipine 60 mg) avec étude des fonctions endothéliales mais aussi des structures coronaires (ultrasons intravasculaires).
Statines : vers de nouvelles conquêtes ?
La cérivastatine (Staltor) est l'objet de nombreuses autres études, dont deux méritent une mention particulière :
- CHORUS (Cerivastatin in Heart Outcomes in Renal disease : Understanding Survival) porte sur un aspect méconnu de la pathologie, du moins par son ampleur : sait-on que le pronostic de l'infarctus du myocarde est particulièrement sombre chez les dialysés, avec une mortalité de 75 % à deux ans ? Sait-on que le risque d'infarctus est particulièrement important dans l'année (29 % des infarctus) et dans les deux années (52 %) qui suivent la mise sous dialyse ? Il est vrai que ces patients cumulent de nombreux facteurs de risque et, en particulier, de nombreuses anomalies lipidiques ; or des statistiques de 1995 montraient que 8 % seulement des sujets hémodialysés recevaient des hypolipémiants. CHORUS s'est donnée pour objectif de vérifier que, chez 1 000 patients dialysés depuis deux à douze mois, la mise sous cérivastatine pendant deux ans (0,4 mg/j) permet de réduire le risque d'infarctus, de morts subites cardiaques, de gestes de revascularisation et d'AVC non hémorragique. Réalisée par 60 centres nord-américains, CHORUS devrait livrer ses résultats en 2003.
- PRINCESS, dont le coordinateur est le Pr J.-M. Lablanche (Lille), porte sur un enjeu encore plus important, la démonstration d'un effet des statines à la phase aiguë des événements coronariens. On sait que l'étude MIRACL, réalisée avec l'atorvastatine, a montré un effet positif sur l'angor instable et les infarctus sans onde Q. L'étude PRINCESS portera sur des infarctus de moins de 48 heures, avec ou sans onde Q. Pendant les trois premiers mois, les 3 000 patients recevront soit un placebo, soit de la cérivastatine (0,4 mg/j), après quoi tous les patients recevront de la cérivastatine (de 0,4 à 0,8 mg/j) pendant 21 mois. A l'exception d'une hypercholestérolémie familiale et/ou d'un traitement hypolipémiant dans le mois précédent, il n'y a pas de critère d'exclusion lipidique. L'objectif principal de PRINCESS étant de mettre en évidence une réduction de la mortalité cardio-vasculaire et/ou de la morbidité (infarctus, AVC ischémique, angor instable, insuffisance cardiaque...). La réponse est attendue en 2003.
Ces exemples montrent l'importance de la contribution Bayer - à côté d'autres grands groupes internationaux - à la recherche cardio-vasculaire, à travers un développement incessant de produits déjà commercialisés.
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