LE QUOTIDIEN - La restructuration du capital de Beaufour Ipsen va-t-elle transformer l'avenir du groupe ?
STEPHANE FRANÇOIS - Oui et non. Oui, dans la mesure où l'arrivée de partenaires financiers et les perspectives d'une introduction en Bourse ont conduit à un nouveau type de management, avec une transparence accrue et une plus grande priorité donnée à la communication externe.
En revanche, c'est bien la continuité qui prévaut en ce qui concerne les orientations précédemment fixées : - la poursuite du développement des produits de grande prescription qui ont fait le succès du groupe en France, et maintenant hors de France,
- le maintien d'une présence forte sur notre marché national, le marché français,
- l'amplification de nos recherches dans le domaine de la haute technologie et, enfin,
- la priorité donnée à la vocation internationale de Beaufour Ipsen. Des choix qui avaient été faits bien avant la restructuration du capital.
Les produits de grande prescription
Que comptez-vous faire pour maintenir votre présence dans le domaine des produits classiques ?
Vous savez que le groupe fabrique et commercialise des produits de grande prescription dans trois domaines : les argiles (Actapulgite, Bedelix, Smecta) et Forlax dans le traitement des pathologies gastro-intestinales, Ginkor dans la pathologie veineuse, Tanakan en neurobiologie et pathologie cardio-vasculaire et Tenstaten également dans la pathologie cardio-vasculaire.
En 1985, ces produits classiques représentaient la totalité du chiffre d'affaires. Ils comptent encore aujourd'hui pour un peu plus de 50 %. Il est évident que nous les défendrons et que nous les développerons. D'ailleurs, nous avons compensé l'effet des baisses de prix survenues dans notre pays par l'augmentation du volume des ventes de ces produits à l'international.
Nous les défendrons, car nous savons que ces produits efficaces, dénués d'effet secondaire et au coût de traitement journalier peu élevé, sont plébiscités par les médecins prescripteurs et par les patients.
Nous continuons leur développement clinique, le meilleur exemple étant à ce sujet Tanakan, qui fait l'objet de plusieurs études en France, en Europe, mais aussi aux Etats-Unis. Je ferai une mention particulière à l'étude financée par le NIH américain sur la prévention de la survenue d'une démence, étude portant sur 3 000 patients âgés de plus de 70 ans et suivis en double insu pendant 5 ans. Que le gouvernement américain ait décidé d'investir 15 millions de dollars (105 millions de francs environ, NDLR) dans cette recherche démontre un réel intérêt médico-social pour ce produit, bien au-delà de ses marchés habituels.
Par ailleurs, en complément de ces développements, nous n'excluons pas des opérations de croissance externe, des rachats de molécules. Enfin, l'accord de copromotion que nous avons conclu avec Pfizer, sur Zoxan et Zoloft, nous apparaît comme un modèle d'action à mener pour asseoir notre position dans les disciplines où nous sommes déjà très présents en France.
Le choix des biotechnologies
Vous avez donc décidé de faire porter votre effort de recherche presque exclusivement sur les produits de biotechnologies.
Il faut rappeler que le Dr Albert Beaufour, dès le début des années quatre-vingt, a compris que la survie de son groupe passait par une spécialisation dans des domaines où le progrès thérapeutique est majeur et où la diffusion des produits est relativement ciblée. Nous avons, dès ces années, fait le choix de l'innovation. D'où notre présence dans les biotechnologies, avec aujourd'hui quatre molécules : Décapeptyl, Somatuline, Hyate C (facteur de coagulation destiné aux hémophiles) et Dysport (toxine botulique dont les indications se multiplient).
Beaufour Ipsen a également eu le souci, s'agissant des peptides, de faire progresser la galénique pour pallier la courte demi-vie de ses substances. Le groupe a été le premier à mettre sur le marché un analogue de la GnRH (peptide) à libération prolongée, le Décapeptyl. Il a été également le premier à commercialiser un analogue de la somatostatine à forme retard, la Somatuline. Il est d'ailleurs le seul laboratoire au monde à pouvoir mettre à la disposition du corps médical deux peptides sous une forme à libération prolongée.
L'acquisition de Speywood en 1994 a permis à Beaufour Ipsen de franchir une nouvelle étape dans la synthèse des protéines et lui a ouvert les marchés anglo-saxons.
L'activité de recherche et développement du groupe est importante, avec 20 % du chiffre d'affaires dévolu à la R & D. Elle repose sur des partenariats multiples et divers avec les universités françaises (Montpellier, Châtenay-Malabry, Toulouse, Lille...), le CNRS et l'INSERM, mais aussi avec des universités européennes (Cambridge, Heidelberg...) et américaines (Harvard, Emory à Atlanta, Tulane à La Nouvelle-Orléans...).
Le groupe est aujourd'hui un spécialiste reconnu des produits issus des nouvelles technologies, produits qui représentent 42 % de son chiffre d'affaires.
Une vocation internationale affichée
Vous aviez dit que l'autre grande priorité était le développement international. Où en êtes-vous aujourd'hui ?
Beaufour Ipsen est aujourd'hui présent dans plus de 80 pays, essentiellement en Europe et en Asie. Des filiales ont d'abord été créées à l'intérieur de l'Union européenne, puis ont vu le jour en Europe centrale et orientale, et en Asie. Une unité de production a été ouverte en avril 2000 en Chine.
Cinquante et un pour cent du chiffre d'affaires ont été réalisés hors de France, avec des produits principalement fabriqués dans notre pays (d'où une contribution de près de 600 millions de francs à la balance commerciale française).
Notre ambition de dépasser les 60 % de notre chiffre d'affaires hors de France en 2003 passe par une implantation encore plus forte en Europe, mais aussi et surtout par une implantation réussie aux Etats-Unis : à ce sujet, nous comptons beaucoup sur le lancement de la Somatuline cette année sans spéculer sur les effets que pourraient avoir des résultats positifs des études américaines en cours sur le Tanakan.
L'Asie et particulièrement la Chine représentent une autre priorité pour notre développement. En s'adaptant aux réalités locales, nous menons de pair l'implantation de nos produits de haute technologie, mais aussi de nos produits classiques.
En conclusion, Beaufour Ipsen est aujourd'hui un groupe équilibré, dont le chiffre d'affaires se répartira à 50/50 entre produits classiques et produits de biotech en 2003.
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